Bonsoir à toutes et tous !
Les brèves du 18 au 24 février 2025 sont disponibles.
Cette semaine :
📞 WhatsApp entre dans la cour des Très Grandes Plateformes en Ligne au sens du DSA : quelles conséquences pour l’application ?
🐭 Disney revient sur son programme de diversité, équité et inclusion (DEI)
🍎 Understand Apple’s $500 billion investment in the U.S.
En vous souhaitant une bonne semaine et une bonne lecture,
Le Collectif 🔆
WhatsApp et le Digital Services Act : une nouvelle ère de régulation pour les plateformes de messagerie
L’Union européenne renforce la régulation des services numériques avec le Digital Services Act (DSA), qui impose des obligations strictes aux Très Grandes Plateformes en Ligne (VLOP), celles dépassant 45 millions d’utilisateurs mensuels. WhatsApp, ayant franchi ce seuil, est désormais soumis à ces règles, bien qu’il soit avant tout un service de messagerie privée. Cette classification marque un tournant pour l’application, qui devra adapter son fonctionnement aux nouvelles exigences en matière de transparence, de modération des contenus et de protection des utilisateurs, modifiant ainsi son rôle dans le paysage numérique européen.
Les obligations des Très Grandes Plateformes en vertu du DSA
Le DSA impose aux Très Grandes Plateformes un ensemble de règles particulièrement strictes destinées à renforcer la sécurité des utilisateurs et à prévenir la diffusion de contenus illicites. Ces obligations couvrent plusieurs aspects fondamentaux du fonctionnement des services numériques.
Tout d’abord, les plateformes désignées comme VLOP doivent mettre en place des mécanismes de modération des contenus afin de détecter et de supprimer rapidement les publications contenant des informations illégales ou nuisibles, telles que la désinformation, les discours haineux ou les appels à la violence. L’Union européenne souhaite ainsi responsabiliser les géants du numérique en les obligeant à prendre des mesures actives pour limiter les risques liés à la circulation de contenus problématiques sur leurs services.
Ensuite, ces plateformes ont l’obligation de garantir une transparence accrue quant au fonctionnement de leurs algorithmes. Cette exigence s’applique notamment aux algorithmes de recommandation et de modération, qui doivent être expliqués de manière claire aux utilisateurs afin qu’ils puissent comprendre comment leurs contenus sont diffusés ou supprimés. De plus, le DSA impose aux VLOP de fournir des rapports réguliers détaillant leurs efforts en matière de modération et les mesures mises en place pour lutter contre les abus.
La protection des données personnelles et de la vie privée constitue également un enjeu central de cette réglementation. Les Très Grandes Plateformes doivent respecter des restrictions strictes sur l’usage des données à des fins de ciblage publicitaire et offrir aux utilisateurs un meilleur contrôle sur leurs informations. Cette disposition vise notamment à encadrer les pratiques de surveillance commerciale et à limiter l’exploitation des données des utilisateurs à leur insu.
Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions particulièrement sévères, avec des amendes pouvant atteindre 6 % du chiffre d’affaires annuel mondial des entreprises concernées. L’Union européenne entend ainsi garantir une application rigoureuse du DSA et dissuader toute tentative de contournement des règles imposées aux plateformes dominantes du marché numérique.
WhatsApp et les plateformes de messagerie face à de nouvelles responsabilités
L’inclusion de WhatsApp dans la catégorie des Très Grandes Plateformes soulève des interrogations quant à l’adaptation des services de messagerie aux nouvelles obligations du DSA. Contrairement aux réseaux sociaux traditionnels, WhatsApp repose principalement sur un système de messagerie privée chiffrée de bout en bout, ce qui limite théoriquement la circulation de contenus publics et la nécessité d’une modération à grande échelle.
Toutefois, l’introduction de fonctionnalités telles que les « chaînes » en 2023, qui permettent aux utilisateurs de suivre des mises à jour publiques de manière unilatérale, rapproche WhatsApp des plateformes de diffusion de contenu telles que Facebook ou Telegram. Cette évolution explique en partie la décision des régulateurs européens de classer l’application parmi les VLOP, puisqu’elle devient un vecteur potentiel de diffusion d’informations à grande échelle.
En conséquence, WhatsApp devra se conformer à plusieurs obligations spécifiques au titre du DSA. La plateforme sera notamment tenue de renforcer ses systèmes de modération afin de détecter et supprimer rapidement les contenus illégaux ou préjudiciables diffusés via ses chaînes publiques. De même, elle devra accroître la transparence de ses politiques de modération et de gestion des données, en fournissant des explications claires aux utilisateurs et aux autorités de régulation sur le fonctionnement de ses algorithmes.
Un autre défi majeur concernera la protection des données personnelles et la manière dont WhatsApp pourra concilier ses obligations en matière de régulation avec le chiffrement de bout en bout, qui constitue l’un de ses principaux arguments de vente. Si le DSA impose un contrôle plus strict des contenus diffusés sur les plateformes, il devra être appliqué sans compromettre la confidentialité des échanges privés, un équilibre complexe à maintenir pour Meta.
Enfin, cette nouvelle régulation pourrait avoir des répercussions sur d’autres services de messagerie, notamment Telegram, qui, bien que ne figurant pas encore parmi les VLOP, pourrait être concerné à l’avenir en fonction de l’évolution de son nombre d’utilisateurs et de son rôle dans la diffusion d’informations publiques.
Jade BOBOCESCU-DARDE
Sources :
https://www.zdnet.fr/actualites/dsa-whatsapp-rejoint-le-club-des-tres-grandes-plateformes-406649.htm
Disney abandonne son programme de diversité, équité et inclusion (DEI) sous la pression de l’administration Trump et des partisans républicains
La semaine dernière, la Walt Disney Company adressait à ses employés un memo les avertissant de la suppression de très nombreuses composantes de son programme de diversité, équité et inclusion (DEI) « Reimagine Tomorrow » (« Réimaginer Demain »), politique mise en place par de nombreuses autres entreprises américaines pour mettre en avant les groupes minoritaires.
Parmi les éléments supprimés par le studio peut-on retrouver les avertissements obligatoires précédant certains films Disney (tels que Dumbo, Peter Pan ou les Aristochats) avertissant sur la présence de représentations stéréotypiques datées, ou encore certains bonus de salaires liés aux critères de DEI, mais aussi des programmes de développement et de bourses réservés aux talents issus de minorités sous-représentées. Une politique que les associations et politiques républicains critiquaient comme contribuant à une discrimination positive au bénéfice de ces groupes minoritaires.
Une décision motivée par les pressions républicaines
Parmi les principales raisons de cet retour en arrière se trouvent plusieurs plaintes déposées par l’America First Legal, une association américaine républicaine qui entend se battre contre la gauche radicale et les décisions exécutives illégales, et qui défend les principes d’une grande partie de la droite américaine, à savoir « la vraie équité, les frontières nationales et la souveraineté, la liberté d’expression et la religion, les valeurs et vertus traditionnelles, la sanctification de la vie et la primauté de la famille », tel que renseigné sur son site Internet.
L’association en question avait ainsi déposé plusieurs plaintes depuis avril 2024 auprès d’une agence fédérale américaine : la Commission pour l’égalité des chances en matière d’emploi (ou EEOC pour le sigle américain). Si l’AFL se vante de l’abandon par la Walt Disney Company de son programme suite à ces plaintes, il semble que ces dernières aient contribué à ce que l’entreprise revienne sur son programme, craignant une enquête après les dernières déclarations de la Maison Blanche.
Le 5 février, Pam Bondi, nouveau procureur général des États-Unis en charge donc du département de la Justice (ou DoJ en anglais), avait en effet rédigé un memo à destination de la Civil Rights division du DoJ, lui ordonnant d’ « enquêter, éliminer, et punir les préférences, missions, politiques, programmes et activités illégales » menées dans le secteur privé et motivées par les DEI, memo signé le jour suivant par Donald Trump qui préconisait de plus de lister toutes les entreprises susceptibles de poursuive de telles pratiques jugées illégales.
Parmi ces pratiques, le memo identifie notamment les politiques impliquant explicitement l’emploi de personnes issues de groupes sous-représentés, tels que les quotas d’emploi de personnes afro-américains ou d’autres groupes minoritaires, ou encore la création de groupes ou d’associations d’entreprises composées uniquement, par exemple, de membres de la communauté LGBTQ+, de femmes, ou de parents.
Les retentissements d’une telle décision, qui prend l’allure d’une victoire pour le camp républicain, risque de dissuader le grand studio d’implémenter dans ses créations des personnages représentant ces minorités, alors que le studio avait déjà fait l’objet de nombreuses critiques ces deux dernières années, en particulier après la création de personnages homosexuels dans les films d’animation « Buzz l’Éclair » et « l’Étrange Voyage », menant à la suppression d’un épisode de la future série d’animation « Victoire ou défaite » se concentrant sur un personne transgenre.
La frontière entre l’intégration sincère de personnes issues de minorités aussi bien dans les oeuvres que dans les rangs du studio, et le rainbow–washing (aussi appelé pinkwashing, et faisant référence à la pratique par laquelle les entreprises cherchent à se donner une bonne image par la mise en avant de la communauté LGBTQ+) est certes parfois floue, mais cette intégration peut se voir freinée par la forme d’inquisition menée par l’adminsitration Trump. Une peur de la promotion de la diversité du personnel susceptible donc d’impacter celle des oeuvres. Par ailleurs, le studio, par crainte des controverses fréquentes autour des films récents (y compris les siens : le choix d’actrices de couleur dans « La petite-sirène » ou le Blanche-Neige » à venir le prouvant), osera peut-être prendre moins de risques quand à des choix plus inclusifs, pourtant applaudis par les minorités en question.
Une paranoïa qui semble toucher les entreprises d’autres secteurs, Meta ayant ainsi fait le choix de supprimer son équipe DEI, décision commune à Amazon, Boeing, Ford, Google, McDonald’s pour ne citer qu’eux, bien que d’autres plus intraitables telles qu’Apple, Microsoft ou la NFL aient décidé ne de pas céder aux pressions, considérant que ces valeurs font partie de leurs politiques et de leurs identités.
Punitions du gouvernement aux dépens des entreprises opiniâtres, nouvelles décisions plus intolérantes de la Maison Blanche, ou respect de la liberté d’expression, il sera plus qu’intéressant de suivre de très près comment les futures décisions du président américain risquent d’impacter cette liberté durant le reste de son mandat.
Gabriel COUSIN
Sources :
https://www.axios.com/2025/01/16/dei-rollback-companies-amazon-meta-mcdonalds
https://www.axios.com/2025/02/11/disney-dei-changes-trump-era
https://www.axios.com/2025/02/20/trump-dei-mcondalds-meta-doj
https://web.archive.org/web/20241219182459/https://inclusion.twdc.com/#people-section
https://inclusion.twdc.com/#people-section
Apple’s $500 billion U.S. investment: a strategy?
This February 24th, Apple has unveiled plans to invest $500 billion in the United States over the next four years, a move announced shortly after Apple’s CEO Tim Cook met with current president Donald Trump. This significant financial commitment comes as the company faces a 10% tariff on Chinese imports, with threats of additional 25% duties on semiconductor components. There is nothing too surprising here: this announcement is very similar to previous commitments made during political transitions. Indeed, in 2018, during Trump’s first term, Apple promised 20 000 new jobs as part of a $350 billion investment; similarly, in 2021 under the Biden administration, the company committed to spending $430 billion over five years, even including a (now-paused) campus project in North Carolina.
This time, the centerpiece of Apple’s plan is a new server manufacturing facility in Houston scheduled to open this year. This 250 000 square-foot complex will supposedly produce servers powering « Apple Intelligence », the company’s AI ecosystem. According to Apple in their announcement, this facility alone will generate « thousands of jobs » and represents a strategic relocation of server production currently happening overseas. Furthermore, Apple is doubling its « U.S. advanced manufacturing fund » from $5 billion to $10 billion. Originally established in 2017, this initiative is meant to support American innovation and manufacturing. The plan also includes hiring 20 000 new employees, primarily in silicon engineering, software development and machine learning. Additionally, Apple will establish a « Manufacturing Academy » in Detroit, offering local businesses consultation on AI implementation, alongside free training for workers.
The timing and scale of this announcement suggest the presence of a tactic. During Trump’s previous administration, Apple successfully secured tariff exemptions for certain products. This renewed commitment may serve as leverage in negotiations regarding the newly imposed or threatened tariffs. Plus, uncertainty remains regarding how much of this investment represents truly new initiatives versus previously planned projects: Apple has not specified what proportion of the $500 billion was already in development, raising questions about the announcement’s substantive impact.
Beyond immediate considerations, this plan reflects a deeper evolution in Apple’s industrial strategy. The focus on AI infrastructure demonstrates the company’s determination to stay in the global technological competition. In support of this projet, Tim Cook stated: « we are bullish on the future of American innovation, and we’re proud to build on our long-standing U.S. investments with this $500 billion commitment to our country’s future ». This announcement highlights the complex relations between major technology companies and national political directions in an increasingly fragmented global environment. For the American economy, the real impact will depend on the effective implementation of these projects and their added value compared to previous initiatives.
Lilou Vaudraux
Sources :
https://www.theverge.com/news/618172/apple-500-billion-us-investment-tariffs-trump
https://edition.cnn.com/2025/02/24/tech/apple-investment-united-states/index.html