Bonsoir,
Les brèves de cette semaine par le Collectif sont désormais disponibles. Très bonne lecture !
YouTube, futur adepte des NFT ?
Images Pixabay et montage Canva
Alors que la tendance émergente des NFT (non fongible tokens) connaît de plus en plus de succès, c’est au tour de la PDG de YouTube Susan Wojicki d’annoncer sa volonté de mettre en place les NFT sur la plateforme. En effet, ce mardi 25 janvier 2022, dans sa vidéo en ligne, elle en fait même une priorité de développement pour l’année 2022. Elle succède ainsi à d’autres géants de l’industrie numérique qui ont fait une annonce similaire, comme Twitter ou Reddit.
Pour rappel, les NFT (en français, « jetons non fongibles ») sont des actifs numériques immatériels, auxquels sont rattachés des certificats d’authenticité, c’est-à-dire des sortes de titres de propriété indiquant l’identité du propriétaire du jeton. Ces jetons peuvent être achetés, vendus ou exposés, et ne sont pas interchangeables car ce sont des objets uniques.
Pourquoi YouTube ?
Il faut se demander quel est l’intérêt pour YouTube de recourir à une telle technologie.
Les NFT sont essentiellement utilisés dans le domaine du divertissement et du média, créant ainsi une sorte de marché de l’art virtuel en plein essor. Ils prennent la forme d’images, de films, de textes, etc.
Par ailleurs, dans son communiqué*, la PDG Susan Wojicki explique que « l’expansion de l’écosystème YouTube est toujours notre priorité pour aider les créateurs à capitaliser grâce aux nouvelles technologies émergentes, comme les NFT ».
Ainsi, les NFT seraient un nouveau moyen de gagner de l’argent pour ces créateurs de contenus, en vendant notamment des produits exclusifs et uniques à leurs abonnés. Cela permettrait également de renforcer les liens qui existent entre les créateurs et leurs fans, afin d’améliorer l’expérience vécue par leur communauté. La PDG pense que les NFT peuvent devenir un élément essentiel dans le business model des créateurs.
Cela encouragerait les individus à créer du contenu, pour récupérer l’argent généré par les NFT, et pourrait fidéliser les abonnés en les incitant à détenir ces NFT.
La plateforme YouTube a donc un intérêt majeur pour sa croissance à recourir aux NFT.
Pourquoi les NFT ?
Il demeure pertinent de s’interroger sur les raisons de l’engouement général que connaissent les NFT. Pourquoi une majorité de personnes souhaitent désormais y recourir ?
Les propriétés des NFT sont en fait très attractives : chaque jeton est unique, il n’existe qu’en un seul exemplaire. Ainsi, la valeur qu’il représente est également unique et est signe de rareté. De plus, à la différence des autres cryptomonnaies, il est non fongible, c’est-à-dire qu’il n’est pas interchangeable avec d’autres NFT. La seule manière d’acquérir un NFT est d’en payer le prix en numéraire. De surcroît, le NFT utilise la technologie de la blockchain : elle permet d’inscrire de manière irréversible et immuable des données dans un bloc ajouté à la chaîne de blocs. Dans le cas des NFT, cela assure une certaine sécurité – juridique entre autres – sur la chronologie des différents propriétaires. Pour tous ces avantages, les NFT sont de nos jours très prisés.
Par ailleurs, il faut souligner que le marché de cet actif immatériel numérique est très florissant, puisqu’il a dépassé 40 milliards de dollars en 2021 : cela prouve son poids grandissant dans l’économie contemporaine. A titre d’exemple, la vidéo Nyan Cat a été vendu $850 000 par son créateur ; l’artiste The Weeknd a aussi vendu certains de ses titres pour plus de 2 millions de dollars.
Le marché des NFT représente autant que le marché de l’art pour la même année selon le journaliste spécialiste en économie Francois Lenglet.
Il considère même que l’on pourrait assister à une sorte de préfiguration d’un nouveau secteur économique : celui du virtuel, ou métaverse, dans lequel nous évoluerions dans un monde alternatif.
Et le droit dans tout cela… ?
A ce jour, les NFT ne sont pas encore appréhendés par le droit, il n’existe aucun régime juridique encadrant cet objet. Néanmoins, si les NFT sont devenus très populaires, ils ne sont pas dépourvus de tout danger. En effet, la valeur d’un jeton peut subir des variations, avec des risques de pertes énormes.
Il faut donc adapter son usage qui pourrait s’avérer dangereux pour les personnes vulnérables (les mineurs, majeurs incapables, …) notamment.
Dans les jours à venir, il serait fortement bienvenu que le législateur se penche sur cette question qui prend de plus en plus d’ampleur.
Un autre problème juridique peut aussi être soulevé, en rapport avec les droits de la propriété intellectuelle. En matière de contrefaçon, les NFT seront un objet de droit qui devra être surveillé. La célèbre société de luxe Hermès a d’ores et déjà engagé un procès contre un créateur de NFT qui imitait son fameux sac légendaire Birkin. Face à ce vide juridique sur la notion, il nous faudra être attentif sur la décision de justice qui sera rendue, qui ne manquera pas d’ouvrir un nouveau tournant dans l’histoire du numérique et dans notre quotidien.
Théo SEVIN-DAMOUR
* “We’re always focused on expanding the YouTube ecosystem to help creators capitalize on emerging technologies, including things like NFTs” – Letter from Susan: Our 2022 Priorities
Sources :
https://siecledigital.fr/2022/01/26/youtube-pourrait-aussi-se-lancer-dans-les-nft/
https://blog.youtube/inside-youtube/letter-susan-our-2022-priorities/
http://master-ip-it-leblog.fr/ notamment l’article de L. LAVILLE
https://www.filtre-experience.fr/nft-exemple.html
https://www.meta-media.fr/2021/12/03/nft-evolution-technologique-ou-revolution-systemique-pour-lindustrie-des-medias-et-du-divertissement.html (en savoir plus sur la blockchain et les NFT)
Meta révèle son intention de créer l’ordinateur le plus puissant au monde dans le domaine de l’IA
Meta, la maison mère de Facebook, WhatsApp et Instagram a présenté, via son blog, le superordinateur AI Research SuperCluster (RSC). En construction depuis deux ans, il pourrait donner à l’entreprise un avantage stratégique capital en matière d’intelligence artificielle.
Lorsque Mark Zuckerberg avait dévoilé son projet de « metaverse » en octobre 2021, de nombreux articles ont émis des réserves quant à sa probabilité de voir le jour. Le vice-président d’Intel1 avait même déclaré : « Pour rendre le monde virtuel crédible, il faudrait une puissance de calcul 1000 fois plus puissante que celle dont on bénéficie aujourd’hui. » Pourtant, l’annonce qu’a fait Meta ce 24 janvier semble prouver que l’utopie n’est plus si loin de la réalité. Le RSC pourrait bien être le superodinateur qui contrôlera cet univers virtuel fictif, dans lequel les individus pourraient évoluer dans des espaces persistants et partagés, en trois dimensions.
En effet, même si le développement du RSC est encore en cours, il devrait offrir près de 5 exaflops de calcul en précision mixte lors de son achèvement. Cela correspond théoriquement à 5 milliards de milliards d’opérations par seconde, ce qui est tout simplement faramineux. A titre de comparaison, l’actuel supercalculateur le plus rapide du monde, qui se trouve au Japon, est doté d’une puissance de 0,4 exaflops.
Plus concrètement, le RSC ressemble davantage à une gigantesque ferme de serveurs contenant des milliers de processeurs qui turbinent en permanence ; plutôt qu’aux ordinateurs que nous avons l’habitude de voir sur nos bureaux.
La façon dont fonctionne ce nouveau superordinateur est différente des précédentes infrastructures de recherche en IA. Car au lieu de n’utiliser que des sources ouvertes accessibles au public, le RSC est basé sur des données du monde réel provenant des systèmes de production de Meta. D’après Tuomas Sandholm2, « c’est la première fois que Meta va mettre les données de leurs clients sur leur ordinateur de recherche en IA ». Cet important changement sera utile pour le perfectionnement des algorithmes de deep learning, capables d’étudier de longues vidéos, de traduire plusieurs langues en temps réel ou encore de développer un modèle de reconnaissance vocale qui fonctionnerait même dans des situations complexes telles qu’une fête ou un concert.
Concernant les risques liés à la confidentialité, Meta explique que l’ensemble du chemin parcouru par les données entre les systèmes de stockage et les processeurs est chiffré de bout en bout. De plus, avant d’être importées dans l’ordinateur, les données doivent être soumises à un processus de vérification de la confidentialité pour confirmer qu’elles ont été correctement anonymisées. Enfin, elles sont chiffrées avant de pouvoir être utilisées pour former des modèles d’IA, et les clés de chiffrement sont supprimées régulièrement pour s’assurer que les anciennes données ne sont plus accessibles.
La puissance de calcul devient ainsi un enjeu crucial pour les géants du numérique. D’ailleurs Meta n’est pas le seul à s’y être attelé, Microsoft ou encore Nvidia ont eux aussi annoncé leurs propres supercalculateurs spécialisés dans l’IA. Reste à savoir qui sera prêt le premier, même si Meta a l’air assez prometteur et prévoit que le fameux AI Research SuperCluster sera complètement fonctionnel d’ici cet été.
Manon CAPLIER
1 Second fabricant mondial de semi-conducteurs après Samsung.
2 Professeur d’informatique et codirecteur du centre d’IA de l’université Carnegie Mellon.
Sources :
https://about.fb.com/news/2022/01/introducing-metas-next-gen-ai-supercomputer/ (image)
https://www.hurriyetdailynews.com/facebook-parent-meta-creates-ai-supercomputer-171035
Un pas de plus vers la souveraineté numérique : projet européen de déclaration sur les droits et principes numériques au bénéfice de tous
En mars 2021, la commission européenne a renforcé sa dynamique d’adaptation à l’ère numérique en se fixant des objectifs pour la décennie pour essayer d’atteindre une souveraineté numérique. En effet, à ce jour, la plupart des données récoltées au sein de l’Union Européenne sont stockées et analysées en dehors de celle-ci. La révolution numérique ayant fait de ces données une monnaie d’échange, leur décentralisation constitue une perte de valeur pour les entreprises unionistes. La commission s’était ainsi donnée jusqu’en 2030 pour développer et rendre accessible aux entreprises des outils leur permettant de stocker et traiter les données de leurs utilisateurs.
Cette dynamique permettrait de plus de rendre le RGPD plus efficient et de le remettre au goût du jour dans la mesure où le transfert de données personnelles des membres de l’UE est interdit vers des Etats proposant une protection moindre de celles-ci (i.e. : Les Etats-Unis).
Dans cette continuité, la commission européenne a lancé le 15 septembre 2021 via sa décision relative à la « Voie vers la décennie numérique » un cadre de gouvernance dont la mission est de suivre la transformation numérique des Etats membres et promouvoir et encourager les projets interétatiques liés à cette transformation. Cette décision a été bien accueillie en particulier dans le milieu du développement de projets d’infrastructures multi-pays où la combinaison des financements des différents Etats posait problème faute de procédure administrative dédiée.
Un nouveau pas est franchi dans la mise en place de ces objectifs grâce au dépôt par la commission européenne ce 26 janvier devant le Parlement européen et le Conseil d’un projet de déclaration sur les droits et principes numériques au bénéfice de tous. Ce nouveau catalogue de droits vise à assurer une connectivité rapide, efficace et abordable, et un environnement numérique transparent, sécurisé et adapté pour tous. S’il ne crée ainsi pas de nouveaux droits, tous ceux cités pouvant être déduits de l’article de la déclaration européenne des droits de l’homme relatif à la vie privée et de la jurisprudence de la CJUE, elle les rassemblerait dans un corpus accessible facilement à tous.
La commission cherche donc à doter l’Union Européenne d’un outil à part entière qui fonctionnera en complémentarité avec les normes existantes telles que le DSA, le RGPD, les réglementations liées au Green Deal et la future loi sur la liberté des médias.
Cette déclaration de droits et de principes numériques au bénéfice de tous rassemble donc des droits délibérément orientés vers les personnes physiques. Les Etats devront s’y référer pour orienter leur transformation numérique. En les rendant de plus facilement intelligibles, l’Union Européenne cherche à s’adresser directement à la personne et donc à remettre l’humain au centre de celle-ci.
Jean SOUQUET-BASIEGE
Sources :
https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/IP_22_452 (image)
https://www.euractiv.fr/section/economie/news/la-commission-europeenne-expose-les-valeurs-et-les-principes-de-lue-a-lere-numerique/
https://www.euractiv.fr/section/economie/news/la-commission-europeenne-fixe-des-objectifs-pour-atteindre-une-souverainete-numerique-dici-2030/?_ga=2.96143452.1741670295.1643007884-187497190.1626078220
https://www.euractiv.fr/section/economie/news/leak-la-commission-va-lancer-un-cadre-de-gouvernance-pour-la-transition-numerique/?_ga=2.41167842.1741670295.1643007884-187497190.1626078220
La valorisation des plateformes de vidéo à la demande dans la chronologie des médias
Source: France Info
Selon la ministre de la Culture Roselyne Bachelot « Parvenir à un accord relevait de la mission impossible (…), mais toutes les parties prenantes ont réalisé qu’il fallait surmonter les querelles de chapelles étant donné les difficultés. »
Le lundi 24 janvier 2022, un accord a été conclu impliquant plusieurs acteurs du monde de l’audiovisuel comme des chaînes de télévision, des plateformes de diffusion sur Internet, des producteurs. Cet accord a été conclu en vertu de la chronologie des médias qui a pour principe de protéger les salles de cinéma qui ont la première exclusivité des films, sans oublier les chaînes et diffuseurs qui financent le cinéma. Pour faire simple, plus un diffuseur finance le cinéma français et européen, plus il pourra diffuser rapidement des films sorties en salle. Pour l’instant, ce nouvel accord n’engage que les signataires c’est le cas de Canal + et les grands géants américains de la vidéo en ligne tels qu’Amazon Prime Video, Netflix, Disney +. Toutefois, celui-ci s’imposera dans quelques jours par arrêté de la ministre de la Culture à l’ensemble de la filière cinématographique comme le prévoit le Code du cinéma et de l’image animée (voir article L.234-1 du Code du cinéma et de l’image animé).
Ce qui octroie la possibilité à Canal + et aux plateformes SVOD comme Netflix, Amazon Prime Video, Disney + de pouvoir diffuser des films plus rapidement après leur sortie du cinéma.
Ce nouvel accord sera au profit des spectateurs qui pourront bénéficier de délais raccourcis pour consulter des films à la télévision ou via un service de vidéo à la demande (SVOD).
Par exemple pour la chaîne de télévision Canal + , les nouveautés cinématographiques seront disponibles 6 mois après leurs sorties contre 8. Quant aux plateformes émanant d’un service de vidéo à la demande (plateforme SVOD), ce sont bien elles qui bénéficient d’une importante réduction des délais. En effet, celui-ci passe de 36 à 17 mois. Il peut y avoir des exceptions comme c’est le cas de Netflix où la plateforme pourra diffuser des films 15 mois après leur sortie.
De plus, depuis l’adoption du décret SMAD (relatif aux services de médias audiovisuels à la demande) en juin 2021, les plateformes SVOD doivent investir annuellement 20% de leur chiffre d’affaires réalisé en France dans les productions françaises et européennes.
Les plateformes SVOD deviennent des acteurs importants dans le monde du cinéma français et cet accord semble corroborer cela en leur octroyant une meilleure place dans la chronologie des médias.
Cédric Neldé KOSSADOUM
Sources :
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000032859691