Brèves du 25 janvier au 31 janvier 2021

Facebook envisage des poursuites envers Apple pour des pratiques anticoncurrentielles

 

Selon TheInformation, le groupe Facebook serait entrain de préparer un dossier afin de poursuivre Apple en justice, auquel il est reproché des pratiques anticoncurrentielles. En effet, le géant de Cupertino a présenté lors de la Worldwide Developers Conference (WWDC) 2020 son nouvel outil : l’App Tracking Transparence, attendu pour 2021. 

Cet outil permettra aux utilisateurs d’un iPhone de faire leurs propres choix en matière de données, et de décider s’ ils souhaitent partager (ou non) celles-ci selon les différentes applications et sites web. Alors que le dirigeant de la marque à la pomme revendique une meilleure protection des données privées, pour Facebook, cela représente un danger pour les entreprises qui ne pourront plus compter sur le ciblage publicitaire. 

 

En effet, cette manoeuvre d’Apple bouleverserait l’écosystème de la donnée car les développeurs d’applications, de réseaux sociaux, ou encore les acteurs de l’e-commerce, n’ont pas le choix que de passer par l’Apple store pour toucher des centaines de millions de consommateurs équipés d’iPhone ou d’iPad. Pour Facebook, cela obligerait les développeurs à déployer des offres d’abonnements payants et à intégrer davantage de paiements au sein des applications, ce qui serait profitable à Apple qui s’octroie des commissions de 15 à 30% sur ces transactions via l’Apple store. Ainsi, le géant accuse Apple « d’abuser de son pouvoir sur le marché des smartphones pour forcer les développeurs d’applications à suivre les règles de l’app store que les propres applications d’Apple n’ont pas à suivre ».  

Cette application, qui sera disponible dans le cadre de la nouvelle version d’iOS14, obligera donc les éditeurs des applications à s’abstenir de partager des informations avec des courtiers en données, dans les cas où les utilisateurs auront refusé ce partage. De quoi mettre à mal le modèle économique de Facebook, où les courtiers en données sont de très gros clients. Ils recueillent ces informations ou les achètent à d’autres entreprises (des plateformes de médias sociaux comme Facebook notamment), puis les rassemblent pour créer des profils de consommateurs qui peuvent être utilisés pour faire de la publicité ciblée. 

Pour Mark Zuckerberg : « Les changements d’iOS 14 signifient que de nombreuses PME ne pourront plus cibler leurs clients avec des pubs personnalisées. Apple peut dire qu’ils font ça pour aider les gens mais cela sert clairement leurs intérêts ».

« Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, nous pensons qu’Apple se comporte de façon anticoncurrentielle en utilisant son contrôle de l’App Store pour dégager plus de profits et aux dépens des petits éditeurs et petites entreprises », déclare également le porte parole de Facebook à propos de cette éventuelle plainte antitrust.  

Face à cette menace, le géant Facebook envisage  donc d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre d’Apple pour pratiques anticoncurrentielles. Un dossier serait même en préparation à l’aide d’un cabinet d’avocat… la guerre semble décidément déclarée entre les deux géants du numérique! 

Sources:

https://siecledigital.fr/2021/01/29/facebook-apple-poursuites-judiciaires/

https://www.zdnet.fr/actualites/partage-de-donnees-utilisateur-facebook-se-prepare-a-des-poursuites-contre-apple-39917087.htm

https://pixabay.com/fr/photos/téléphone-affichage-apps-292994/

 

 

 

Conseil de l’Europe : plusieurs lignes directrices en faveur d’un encadrement strict de la reconnaissance faciale en Europe

Le 28 janvier est la journée mondiale de la protection des données. Cette année cette date a été d’autant plus particulière celle-ci étant également la date du 40ème anniversaire de la Convention du Conseil de l’Europe pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel : la Convention 108. A cette occasion le comité consultatif de cette dernière à présenter plusieurs lignes directrices concernant l’encadrement de la reconnaissance faciale en Europe.

A travers ces lignes directrices adressées aux gouvernements, législateurs et entreprises, le Conseil de l’Europe propose ici une stricte réglementation de l’usage de la reconnaissance faciale afin d’éviter tout risque concernant le respect de la vie privée et la protection des données des citoyens. En effet ce dernier souhaite tout bonnement l’interdiction de cette technologie dans les lieux aussi bien privé que public dès lors que celle-ci serait utilisée dans « le seul but de déterminer la couleur de la peau, les croyances religieuses ou autres, le sexe, l’origine raciale ou ethnique, l’âge, l’état de santé ou le statut social d’une personne » En effet un tel usage de cette technologie pourrait rapidement conduire à une forte discrimination. Par ailleurs le Conseil de l’Europe est aussi fermement opposé à l’usage via cette technologie de la « reconnaissance de l’affect », c’est-à-dire de nos émotions. Le Comité de la convention 108 considère en effet que cela permettrait la détection des traits de personnalité, des sentiments intérieurs ou encore de la santé mentale des individus. Or ces informations utilisées dans certains cadres notamment professionnels tels que lors d’un entretien d’embauche ou encore pour la souscription d’un prêt ou d’une assurance pourraient être préjudiciables et discriminatoires pour bon nombre de citoyens et conduire à une modification du rapport à l’emploi, l’accès aux assurances ou à l’éducation.

Le Conseil de l’Europe se montre par ailleurs très méfiant pour le recours à une reconnaissance faciale « à la volée » dans des environnement non contrôlés tel que les espaces publics, les hôpitaux ou les écoles. Le comité de la convention 108 préconise en effet que le recours de la reconnaissance faciale à la volée soit soumis à « un débat démocratique comprenant la possibilité d’un moratoire en attendant une analyse complète du fait de leur nature intrusive pour la vie privée et la dignité des personnes, ajouté à un risque d’impact préjudiciable sur d’autres droits de l’Homme et libertés fondamentales.»

Ainsi on peut ici constater que le Conseil de L’Europe par ces lignes directives propose une réglementation très stricte concernant l’usage de la reconnaissance faciale en soulevant notamment pour cela les nombreuses menaces que cette technologie émergente peut faire peser sur le respect de la vie privée et des données personnelles de la population européenne. Cette méfiance du Conseil de l’Europe est parfaitement résumée par son Secrétaire Générale, Marija Pejčinović Burić, ce dernier affirmant que celle-ci peut dans le pire des cas menacer « nos droits humains essentiels, notamment le respect de la vie privée, l’égalité de traitement et la non-discrimination, en donnant aux pouvoirs publics et autres la possibilité de surveiller et de contrôler des aspects importants de notre vie, souvent à notre insu ou sans notre consentement ».

Sources :

https://www.zdnet.fr/actualites/reconnaissance-faciale-le-conseil-de-l-europe-fixe-de-nouvelles-lignes-directrices-39917109.htm

https://www.clubic.com/technologies-d-avenir/intelligence-artificielle/actualite-351392-reconnaissance-faciale-le-conseil-de-l-europe-demande-une-reglementation-stricte-.html

https://rm.coe.int/lignes-direectrices-sur-la-reconnaissance-faciale/1680a134f4

https://search.coe.int/directorate_of_communications/Pages/result_details.aspx?ObjectId=0900001680a12f83

https://siecledigital.fr/2021/01/29/vers-un-encadrement-de-la-reconnaissance-faciale-en-europe/

 

 

 

 

L’application de rencontre Grindr risque une amende record de 9,6 millions d’euros pour la vente illégale des données personnelles de ses utilisateurs.

Grindr est une application de rencontre sur internet ayant vocation à mettre en relation des individus dans le but de créer des liens amoureux, érotiques ou amicales à destination d’hommes homosexuels, bisexuels, transgenres ou queer. Cette amende à l’encontre de Grindr tombe dans un contexte d’expansion des applications de rencontre. Ces dernières ont, du fait de la crise sanitaire, vu leur nombre d’abonnements considérablement augmenter. En outre, la fermeture des bars ou encore, depuis maintenant dix mois des boîtes de nuit, limite les rencontres ; poussant certains à passer le cap des rencontres en ligne. Grindr compte aujourd’hui 13,7 millions d’utilisateurs, dont plusieurs millions en Norvège. Toutefois, ces derniers ne pensaient pas que leurs informations personnelles seraient partagées à des fins commerciales. Et pourtant, l’enquête menée par l’autorité norvégienne de la protection des données a abouti au fait que « Grindr est considéré [par ses utilisateurs] comme un espace sûr où de nombreux utilisateurs souhaitent rester discrets. Néanmoins, leurs données ont été partagées avec un nombre inconnu de tiers, et les informations sur ce partage ont été cachées ».

L’application de rencontre a finalement été condamnée à une amende de 100 millions de couronnes, soit l’équivalent de 9,6 millions d’euros par l’Autorité norvégienne de protection des données, la Datatilsynet ; et ce en raison des divulgations illégales de données sensibles des utilisateurs de l’application auprès de sociétés de marketing.

Grindr avait déjà fait l’objet mi-janvier d’une étude publiée par le régulateur Suédois durant laquelle avait été révélé qu’elle-même ainsi que son concurrent Tinder vendaient des informations à des sociétés de marketing et ce sans base légale. L’autorité norvégienne a ainsi décidé de prononcer une amende correspondant à environ 10% du revenu mondial estimé de l’entreprise si cette dernière ne se conforme pas aux exigences de protection des données personnelles avant le 15 février prochain. Cette somme pourrait paraitre exorbitante mais est notamment justifiée par la sensibilité des données vendues par l’entreprise. En effet, elle aurait vendu des données sur la localisation GPS des utilisateurs, l’adresse IP voire même l’orientation sexuelle et la santé mentale des usagers. Ces informations particulièrement sensibles ont donc été rendues publiques et utilisables par des groupes publicitaires.

Cependant, les faits reprochés à Grindr sont antérieurs à avril 2020, l’application ayant par la suite changé ses conditions d’utilisations ; de sorte que dans un communiquée à l’AFP, Grindr a répondu ne pas comprendre cette sanction. L’application, par la voix de sa porte-parole, a ajouté que « les allégations de l’autorité norvégienne de protection des données remontent à 2018 et ne reflètent pas la politique ou les pratiques de confidentialité actuelles de Grindr », ajoutant par ailleurs que « [celle-ci] amélior[e] continuellement [ses] pratiques de confidentialité en tenant compte de l’évolution des lois et réglementations ».

L’utilisation des données personnelles est protégée en Europe par le RGPD. Le règlement européen protège l’usage des données de tout organisme ou entreprise qui souhaiterait en faire l’usage. Les entreprises doivent ainsi préalablement informer les usagers de façon suffisamment claire et précise quant à l’utilisation des données par celle-ci et l’exercice des droits des usagers. Grindr, en partageant ces données, particulièrement sensibles, sans informer de façon suffisamment claire et précise les utilisateurs de l’usage de ces mêmes données n’est donc pas conforme aux exigences qu’impose le règlement européen.

Cette sanction parait dès lors opportune et constitue une avancée considérable dans la protection des données, enjeux majeurs du développement d’internet et des services en ligne. Ainsi, Fynn Myrstad, directeur de la politique numérique au Conseil norvégien des consommateurs a déclaré qu’«il s’agit d’une étape importante dans le travail en cours pour garantir la protection de la vie privée des consommateurs en ligne. L’Autorité de protection des données a clairement établi qu’il est inacceptable pour les entreprises de collecter et de partager des données personnelles sans l’autorisation des utilisateurs ».

Sources :

https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/le-covid-perturbe-les-rencontres-amoureuses-une-aubaine-pour-les-sites-specialises-7018733

https://www.capital.fr/entreprises-marches/rencontres-tinder-et-grindr-accuses-de-vendre-ou-partager-des-donnees-personnelles-1359658

https://www.zdnet.fr/actualites/l-application-grindr-de-nouveau-sanctionnee-pour-avoir-communique-des-donnees-utilisateurs-39916853.htm

https://www.nextinpact.com/lebrief/45733/rgpd-grindr-sous-menace-dune-amende-10-millions-deuros-en-norvege

https://www.usine-digitale.fr/article/l-application-grindr-doit-payer-9-6-millions-d-euros-pour-avoir-divulgue-des-donnees-utilisateurs.N1053354

https://siecledigital.fr/2020/06/08/grindr-la-vente-de-lapplication-de-rencontres-aux-etats-unis-desormais-possible-avec-laccord-de-la-nsa/

 

 

 

Manifestation pro-Navalny en Russie : L’éternel face à face avec Washington

Samedi, plusieurs dizaines de milliers de personnes, à travers la Russie, ont manifesté en soutien à l’opposant de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, se trouvant derrière les barreaux depuis son retour dans le pays, le 17 janvier 2021.

Moscou, square Pouchkine le 23 janvier 2021: les forces anti-émeutes russes face aux manifestants venus apporter leur soutien à l’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny.  AP – Alexander Zemlianichenko

A la suite de ces manifestations ayant entraîné plus de 3 500 arrestations, la diplomatie russe s’en est prise, ce lundi 25 janvier, à l’ambassade des États-Unis ainsi qu’à plusieurs grandes entreprises américaines du web. Les accusant d’interférence et de diffusions de fausses informations, la diplomate russe, Maria Zakharova, affirme que : « Nous travaillons sérieusement sur la façon dont les plates-formes Internet américaines participent à l’ingérence des États-Unis dans nos affaires intérieures ». Aussi, sur sa page Facebook, le ministère russe des Affaires étrangères s’indigne en déclarant : « Occupez-vous de vos propres problèmes et cessez de vous ingérer dans les affaires intérieures d’autres États »

 Mais alors, pourquoi le Kremlin s’en est-il pris à ces acteurs ?

 D’abord, l’ambassade américaine est accusée d’avoir communiqué, sur son site internet, le lieu et les horaires des différents rassemblements. Ensuite, les réseaux sociaux, notamment Instagram, YouTube et le chinois TikTok sont devenus des espaces de contestations où les appels à la manifestation sont monnaie courante. 

Par exemple, sur Tiktok, il a été diffusé une vidéo où deux étudiants remplacent le portrait de Vladimir Poutine, trônant dans leur classe, par le portrait de son opposant. 

En réponse, le gendarme russe de la télécommunication, Roskomnadzor, affirme être parvenu à supprimer 50% de ces contenus dissidents. 

 Seulement, le Monde rapporte qu’un des porte-paroles de Facebook, maison mère d’Instagram, a contredit cette affirmation. Bien que la plateforme ait bien reçu des demandes de suppressions de ces contenus appelant à la manifestation, celle-ci ne leur aurait pas accordé une telle manœuvre en ce qu’ils enfreignent, en rien, les règles d’utilisation du réseau social. De plus, Google, possédant YouTube, a également fait part de sa grande surprise devant cette annonce et déclare ne pas savoir d’où viennent ces chiffres …

 Sources :

Vidéo de Vladimir Poutine remplacée par celle de son opposant dans une classe (https://www.tiktok.com/@almorozova/video/6919376127253417218?is_copy_url=1&is_from_webapp=v2)

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/01/25/la-russie-s-en-prend-aux-reseaux-sociaux-et-accuse-les-etats-unis-d-ingerence_6067553_4408996.html

https://fr.sputniknews.com/international/202101231045121193-zakharova-les-diplomates-us-devront-sexpliquer-sur-la-publication-ditineraires-dune-action/

https://gizmodo.com/russia-claims-tiktok-deleted-young-people-s-protest-pre-1846112989

https://www.rfi.fr/fr/europe/20210124-manifestations-pro-navalny-moscou-accuse-washington-d-ingérence (source de la photo)

 

 

 

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