Bonsoir à toutes et tous !
Les brèves du 25 mars au 1er avril 2025 sont disponibles.
Cette semaine :
💰 Découvrez les raisons et conséquences des importantes cyberattaques nord-coréennes visant les cryptomonnaies
📺 France Télévision adopte un logo unique pour ses chaînes : comprenez les motivations derrière cette décision
📧 Une erreur de messagerie qui fait trembler la sécurité nationale américaine : comment un ajout involontaire a exposé des échanges sensibles entre hauts fonctionnaires ?
🚀 Après le crash de Spectrum, Isar Aerospace défend un « échec fructueux ». Un paradoxe qui résume les ambitions et les défis du New Space européen
Et en vous souhaitant une bonne semaine et une bonne lecture,
Le Collectif 🔆
Hacking des cryptomonnaies : la menace nord-coréenne atteint des sommets sans précédent
Les cyberattaques orchestrées par des hackers nord-coréens ont atteint un niveau critique, posant des défis majeurs pour la sécurité internationale et l’intégrité des marchés financiers numériques. En février 2025, le groupe Lazarus, soutenu par le régime de Pyongyang, a perpétré le plus grand vol de cryptomonnaies jamais enregistré, dérobant 1,5 milliard de dollars à la plateforme d’échange Bybit, basée à Dubaï. Lazarus, également connu sous le nom de Guardians of Peace, est un groupe de hackers qui serait dirigé par le gouvernement de la Corée du Nord. Dans une revue de presse publiée en 2018, le gouvernement américain affirmait que ce groupe fait partie intégrante de la stratégie nord-coréenne pour « saper la cybersécurité mondiale ».
Une source de financement illicite pour le régime nord-coréen ?
Les fonds volés par ces cybercriminels constitueraient une source de financement essentielle pour la Corée du Nord, lui permettant de contourner les sanctions internationales et de soutenir ses programmes nucléaires et balistiques. Selon un rapport des Nations unies, jusqu’à 40 % du financement du programme nucléaire nord-coréen proviendrait de ces activités illicites. De plus, le groupe Lazarus a recours à des méthodes de plus en plus sophistiquées. Il utilise des techniques avancées pour infiltrer les plateformes d’échange de cryptomonnaies. Dans le cas de Bybit, les hackers ont compromis l’infrastructure de Safe{Wallet}, un fournisseur de portefeuilles multisignatures (technologie nécessitant plusieurs signatures pour déverrouiller un compte ou effectuer une transaction), en accédant au système d’un développeur. Cette intrusion leur a permis de manipuler les transactions et de transférer illicitement des fonds.
La nature transfrontalière et anonyme des transactions propre à la cryptomonnaie complique les efforts des autorités pour poursuivre les responsables et récupérer les fonds volés. De plus, la diversité des réglementations entre les juridictions entrave la mise en place d’une réponse coordonnée. En effet, le droit international privé peine à pallier ses insuffisances face aux technologies évoluant de manière exponentielle. De plus, les sanctions économiques existantes peinent à dissuader ces cyberattaques, nécessitant une coopération internationale renforcée.
Vers une coopération internationale accrue
Face à cette menace grandissante, les États-Unis et la Corée du Sud intensifient leur collaboration en matière de cybersécurité. Des initiatives sont en cours pour améliorer la surveillance des transactions suspectes sur la blockchain et renforcer les capacités de détection des cyberattaques. Néanmoins, l’adaptabilité et la sophistication croissante des hackers nord-coréens rendent la lutte contre ces crimes numériques particulièrement ardue. Avec l’essor continu des cryptomonnaies et l’évolution constante des techniques de piratage, la sécurisation des actifs numériques demeure un enjeu crucial pour les gouvernements, les entreprises et les investisseurs à l’échelle mondiale.
Louise PARENT
Sources :
https://www.bbc.com/afrique/articles/cdjyrp0k7jro
https://journalducoin.com/actualites/google-sonnette-alarme-coree-nord-infiltre-projets-crypto/
France Télévisions uniformise ses logos en adoptant une identité unique
À partir du 6 juin 2025, les chaînes de France Télévisions abandonneront leurs logos et numéros distinctifs pour une appellation unique : « france.tv ». Cette décision, annoncée le 25 mars par Delphine Ernotte Cunci, présidente du groupe audiovisuel public, marque ainsi une nouvelle étape dans l’évolution du paysage télévisuel français.
En effet, depuis plusieurs décennies, les téléspectateurs identifiaient les chaînes de France Télévisions grâce à leurs logos distinctifs : un point coloré suivi d’un chiffre, affiché en haut à droite de l’écran. Seulement, désormais, c’est le logo unique « france.tv » qui s’imposera sur l’ensemble des antennes.
Ainsi, l’objectif est clair : renforcer la cohérence du groupe dans un environnement dominé par les plateformes de streaming et les réseaux sociaux : « Aujourd’hui, on ne regarde plus un programme en fonction de la chaîne qui le diffuse, mais en fonction de son contenu » a justifié Delphine Ernotte Cunci lors de la conférence de presse.
La numérotation des chaînes sur la TNT restera la même. Cependant, France 4 prendra désormais la place du canal 4, qui était occupé jusqu’ici par Canal+, en raison de l’arrêt de la diffusion de C8 et NRJ12 sur la télévision numérique. Cette modification permet d’aligner les chaînes du service public dans un ordre simplifié.
En revanche, cette organisation ne s’appliquera pas en Belgique ni chez certains opérateurs internationaux, qui disposent d’une liberté totale pour classer les chaînes comme ils le souhaitent.
Il existe toutefois des exceptions, des chaines qui conserveront leurs identités propres : « franceinfo », « ICI », « Okoo » ou encore « Outre-mer ».
Dès lors, cette refonte de l’identité visuelle s’inscrit dans une stratégie plus large de transformation numérique en 2025 : la plateforme france.tv intégrera l’ensemble des contenus de l’audiovisuel public français, rassemblant non seulement les programmes de France Télévisions, mais aussi ceux de l’INA, LCP-Public Sénat, TV5 Monde, France 24 et Arte. Ainsi, cette plateforme a pour ambition de proposer une alternative crédible aux géants du streaming comme Netflix ou YouTube, en misant sur un accès centralisé et simplifié aux contenus du service public. « L’union fait la force, et tout notre enjeu est d’être reconnu », a alors affirmé Delphine Ernotte Cunci, citant l’exemple de la BBC au Royaume-Uni, qui a adopté une stratégie similaire ces dernières années.
Céliane FERRIN
Sources :
https://www.francetvpro.fr/contenu-de-presse/71795233
Une brèche de sécurité sans précédent dans l’histoire des communications gouvernementales américaines
Une brèche de sécurité sans précédent dans l’histoire récente des communications gouvernementales américaines a été révélée lorsque Jeffrey Goldberg, le rédacteur en chef du magazine The Atlantic, s’est retrouvé inclus par inadvertance dans un groupe de discussion Signal incluant plusieurs hauts fonctionnaires. Cette conversation privée avait à l’origine été créée par le conseiller à la sécurité nationale Michael Waltz, et a entre autres servi de forum pour la coordination d’opérations militaires sensibles contre le mouvement houthiste au Yémen.
Au cœur de ce scandale se trouve la révélation que le secrétaire à la défense Pete Hegseth a partagé dans ce groupe, deux heures avant le début des frappes, un plan d’attaque détaillé incluant des informations précises sur les horaires, les cibles et les armes utilisées contre les positions houthistes au Yémen. Notamment, était détaillée la séquence opérationnelle qui allait suivre de ces frappes, qui ont fait une cinquantaine de morts et une centaine de blessés selon les houthistes, visant à l’origine le « top missile guy » de ces derniers. L’incident a été initialement minimisé par la Maison Blanche comme un simple « pépin » selon les termes du président Donald Trump. Qui plus est, lorsque le journal The Atlantic a publié davantage d’extraits des messages pour contrer les affirmations de l’administration selon lesquelles aucune information classifiée n’avait été partagée, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt a maintenu que « ce n’étaient pas des plans de guerre ».
Pourtant, cet incident a tout de même déclenché une controverse substantielle sur le plan juridique, notamment relativement à plusieurs dispositifs légaux encadrant la gestion de l’information gouvernementale. Premièrement, l’ « Espionage Act » de 1917, qui criminalise la transmission non autorisée d’informations liées à la défense nationale, pourrait être applicable si les informations partagées sont considérées comme relevant de la sécurité nationale. La qualification d’information classifiée, vigoureusement niée par l’administration, reste contestée par de nombreux experts en sécurité nationale qui soulignent que des détails opérationnels concernant les séquences d’attaque, les types d’armement et les cibles constituent intrinsèquement des informations sensibles dont la divulgation pourrait compromettre la sécurité des forces américaines. Par ailleurs, le paramétrage de la conversation prévoyant la suppression automatique des messages contrevient aux exigences du « Federal Records Act », qui impose la conservation des communications officielles pendant au moins deux ans.
L’opposition a vivement réagi, appelant notamment à une enquête approfondie : pour citer le sénateur Chuck Schumer, « c’est l’une des fuites de renseignement militaire les plus stupéfiantes […] depuis très longtemps ». Les critiques ont également porté sur le risque que des services de renseignement hostiles aient pu intercepter ces communications, mettant potentiellement en danger des soldats américains. En révélant non seulement une faille de sécurité majeure mais aussi des divisions internes, cette affaire offre un aperçu du fonctionnement de l’administration Trump en matière de politique étrangère et de sécurité nationale : alors que l’enquête sur cet incident se poursuit, l’administration Trump semble déterminée à maintenir sa position et à transformer cette crise en un nouvel exemple de sa capacité à défier les contraintes applicables.
Lilou VAUDAUX
Sources :
https://www.theguardian.com/us-news/2025/mar/26/trump-signal-leak-new-messages
La fusée Spectrum d’Isar Aerospace s’écrase lors de son premier vol : échec ou réussite ?
Dimanche dernier, la fusée Spectrum, développée par la start-up allemande Isar Aerospace, a, après un décollage réussi depuis la base norvégienne d’Andøya, perdu le contrôle et s’est écrasée au sol après seulement 30 secondes de vol. Malgré cet échec apparent, l’entreprise revendique une réussite, mettant en avant les données recueillies et l’intégrité du pas de tir. Cet événement marque un tournant pour l’Europe spatiale, confrontée à la montée en puissance du New Space.
Un échec technique fructueux en données
Le décollage de Spectrum dimanche dernier était hautement symbolique, puisqu’il s’agit du premier lanceur orbital commercial issu d’Europe continentale, hors Russie. Propulsée par neuf moteurs Aquila, la fusée a rapidement dévié de sa trajectoire lors de la phase de pitchover, une manœuvre critique destinée à gagner vitesse horizontale élevée. 30 secondes après le décollage, le système de terminaison de vol a été activé, provoquant sa chute « contrôlée » en mer.
Si Isar Aerospace évite pour l’heure de pointer une cause précise (perte de contrôle attitude, défaillance logicielle ou mécanique), l’accent est mis sur les « tonnes de données » récupérées : « Chaque seconde de vol est précieuse », a ainsi indiqué Daniel Metzler, PDG de la start-up, soulignant que l’objectif n’était pas d’atteindre l’orbite dès ce premier essai. Une posture assumée, et saluée par de nombreuses autres entreprises du spatial (notamment la société française Latitude) mais qui contraste avec l’explosion médiatique autour de l’incident.
Une évolution positive pour la souveraineté spatiale européenne ?
Ce vol intervient dans un contexte de fin de crise pour l’accès européen à l’espace. Après la rupture avec les lanceurs russes depuis la guerre en Ukraine, et les retards d’Ariane 6, comblés par ses derniers succès et par le retour de Vega-C, l’Agence spatiale européenne (ESA) a lancé le European Launcher Challenge fin mars 2025, visant à soutenir les acteurs privés locaux. Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA, a salué le simple fait qu’Isar Aerospace ait « réussi à décoller », rappelant que « les lanceurs, c’est difficile ».
Pourtant, le retard européen face à SpaceX ou Blue Origin est criant : Spectrum, capable de placer 1 tonne en orbite basse, illustre cette course aux microlanceurs, où s’illustrent aussi Rocket Factory Augsburg en Allemagne, PLD Space en Espagne, ou Latitude et MaiaSpace en France.
Andøya, une nouvelle base de lancement stratégique pour l’Europe ?
La base norvégienne d’Andøya, située au-delà du cercle polaire, se présente comme le « premier port spatial opérationnel d’Europe continentale ». Son positionnement est idéal pour les lancements en orbite polaire ou quasi-polaire héliosynchrone, un marché porteur avec l’explosion des constellations de satellites. Contrairement à SaxaVord en Écosse, où RFA ONE a subi un échec en 2024, Andøya a résisté à l’explosion de Spectrum, préservant son infrastructure.
Cette concurrence entre bases spatiales européennes – des Açores à la Suède – reflète une fragmentation des efforts, alors que l’ESA plaide pour une approche coordonnée. « L’Europe doit rassembler ses acteurs », martèle un rapport récent sur la compétitivité spatiale de l’UE.
Quelle suite à prévoit pour Spectrum ?
Isar Aerospace a déjà deux fusées Spectrum en production et promet un retour rapide sur le pas de tir. Mais la route vers l’orbite reste semée d’embûches : analyses techniques, ajustements, et pression accrue après cet échec très médiatisé. Pour l’Europe, l’enjeu dépasse ce lanceur : il s’agit de prouver qu’elle peut rivaliser avec le secteur privé américain, sans dépendre des aléas politiques ou industriels. Le prochain vol de Spectrum sera donc un test décisif, autant technique que symbolique, qui sera décisif pour l’avenir de l’entreprise allemande.
Gabriel COUSIN
Sources :
https://isaraerospace.com/newsroom-first-test-flight
https://spacenews.com/isar-aerospaces-first-spectrum-launch-fails/
https://europeanspaceflight.com/inaugural-isar-aerospace-spectrum-flight-ends-in-failure/