Bonsoir à tous,
Les brèves du 31 décembre au 07 janvier sont disponibles sur notre blog.
Cette semaine :
⚖ Renseignez vous sur l’action judiciaire intentée par le New York Times à l’encontre de la société OpenAI pour violation de droits d’auteur
🔞 Découvrez les trois sites pornographiques qui sont désormais soumis aux règles les plus strictes du DSA
💍 Informez vous sur l’affaire déroutante opposant Amazon Prime pour leur série Les Anneaux du pouvoir contre l’écrivain d’une séquelle non officielle et non autorisée du Seigneur des Anneaux
™ Le rappeur Eminem se retrouve au cœur d’une bataille légale pour défendre sa marque « Slim Shady »
📷 Rencontrez la nouvelle influenceuse virtuelle qui génère près de 10 000 euros par mois, Aitana Lopez
En vous souhaitant une bonne lecture et une bonne année 2024,
Le Collectif 🎆🥂
#IPIT #IP #IT #M1PIDN #CollectifIPIT #NewYear #2024
Le New York Times porte plainte contre Open IA
Ce mercredi 27 décembre le quotidien new-yorkais New York Times a annoncé intenter un procès contre Open IA et Microsoft, son actionnaire principal, visant en particulier leurs outils d’intelligence artificielle générative. Cette action fait du journal le premier organe de presse américain à engager des poursuites contre des entreprises technologiques pour violation de droits d’auteur, les accusant d’avoir utilisé plusieurs millions de leurs articles dans le développement de leurs systèmes.
Le New York Times accuse les deux sociétés d’avoir “profité de la violation massive du droit d’auteur, de l’exploitation commerciale et du détournement de la propriété intellectuelle du média” et réclame en réparation des milliards de dollars de dommages et intérêts.
Comme tout robot conversationnel, ChatGPT repose en effet sur un modèle de machine learning qui nécessite l’utilisation de très grandes quantités de données afin d’assurer son bon fonctionnement ; et bien que le journal interdise l’utilisation de son contenu par les start-up et géants technologiques pour former des IA, OpenAI aurait néanmoins utilisé ses articles pour concevoir ses modèles de langage GPT-3 et GPT-4. Selon le média américain, les deux entreprises auraient également cherché à tirer profit de l’investissement massif du New York Times dans le journalisme en utilisant ses contenus pour créer des produits de substitution sans autorisation ni paiement.
En réponse, OpenAI a tenu à réaffirmer son engagement envers le respect des droits des créateurs et propriétaires de contenu, soulignant sa volonté de collaborer pour garantir aux médias les avantages des technologies de l’IA et des nouveaux modèles de revenus. Ce mois-ci, la société a par ailleurs conclu un accord avec l’agence de presse allemande Axel Springer, autorisant l’utilisation de ses articles moyennant une rémunération (sujet traité il y a deux semaines dans les brèves de notre rédaction : http://master-ip-it-leblog.fr/breves-du-17-au-24-decembre-2023/). OpenAI a également indiqué être en discussion avec le New York Times en vue d’un accord similaire, mais a exprimé sa surprise et sa déception quant à l’évolution des négociations, tout en exprimant l’espoir de trouver une solution mutuellement avantageuse.
De son côté, Microsoft, actionnaire principal d’OpenAI avec une participation de 49%, n’a pas commenté le dépôt de plainte. Il convient de noter que la plainte du New York Times s’ajoute à celle d’un groupe d’écrivains américains qui avait intenté des poursuites similaires contre OpenAI en septembre dernier.
Idil SENOL
Sources :
DSA : Pornhub, Xvideos et Stripchat sont désormais classés comme des “très grandes plateformes”
Les 3 sites pornographiques Pornhub, Xvideos et Stripchat font désormais partie de la liste des très grandes plateformes et sont donc soumis aux règles les plus strictes du Digital Service Act.
En effet, le 20 décembre dernier, la Commission européenne a annoncé que ces 3 sites répondaient aux critères des VLOP (very large online platforms). C’est-à-dire qu’ils comprennent plus de 45 millions d’utilisateurs mensuels dans l’Union européenne et présentent ainsi un “risque systémique” pour la société. Ils sont de ce fait soumis à une réglementation rigoureuse comme 19 autres plateformes telles que Facebook, Tiktok, Instagram ou encore X depuis le 25 août 2023 (pour une première application de la législation DSA à l’encontre de X, consultez les précédentes brèves de notre rédaction : http://master-ip-it-leblog.fr/breves-du-24-au-31decembre-2023/).
En fin d’année 2023, diverses organisations de la société civile ont pressé la Commission européenne d’inclure les principaux sites pornographiques dans la liste des VLOP. Elles ont souligné que, bien que certaines de ces plateformes prétendent ne pas atteindre le seuil d’utilisateurs requis, il est probable qu’elles attirent en réalité plus de 45 millions d’utilisateurs chaque mois dans l’Union européenne.
Pourtant, en février 2023, L’UE avait exigé de toutes les plateformes opérant dans le marché européen de déclarer à la Commission européenne leur nombre moyen d’utilisateurs mensuels. La liste des 19 VLOP avait alors été dressée sur la base des données fournies par les plateformes.
Si Xvideos n’a eu aucune difficulté à admettre que le site était visité par plus de 135 millions d’utilisateurs chaque mois, Pornhub a contesté sa qualification de VLOP. En effet, la plateforme a comptabilisé seulement 35 millions d’utilisateurs s’étant rendus sur le site pour le mois de juillet 2023.
La Commission rappelle sa volonté de créer un environnement en ligne protégé et particulièrement protecteur pour les mineurs. Ainsi, les 3 sites vont devoir adopter des mesures pour se conformer aux obligations du DSA. Cela inclut d’abord l’obligation de mettre en place des mesures pour bloquer l’accès aux mineurs à du contenu pornographique en ligne. Ainsi, les plateformes devront impérativement vérifier l’âge de leurs utilisateurs. Ensuite ces dernières devront porter une attention particulière dans la lutte contre les deepfakes et le revengeporn soit “le partage non consensuel de matériel intime en ligne”. Cela passe nécessairement par la facilitation des signalements et de la suppression des contenus illégaux. Le but est donc de protéger au maximum les utilisateurs en demandant à ces plateformes d’évaluer et d’atténuer les risques et dérives qui peuvent exister en ligne.
Le 17 février 2024, tous les Etats membres devront avoir désigné leurs coordinateurs pour les services numériques. Ces derniers auront un rôle de supervision et de surveillance de la bonne application de la loi, conjointement à la Commission.
Jeanne BUCLEZ
Sources :
https://incyber.org/dsa-trois-sites-pornographiques-ajoutes-liste-tres-grandes-plateformes/
Plagiat de la part d’Amazon Prime dans sa nouvelle série préquelle du Seigneur des Anneaux ?
Tel est pris qui croyait prendre ! En avril dernier, l’écrivain Demetrious Polychron avait attaqué en justice Amazon estimant que la série Les Anneaux du pouvoir – préquelle de la prestigieuse œuvre de J. R. R. TOLKIEN Le Seigneur des Anneaux – se serait inspirée de son livre The Fellowship of the King. Cependant, la semaine dernière, une décision a été rendue par une cour de justice californienne en déboutant l’auteur de sa demande, tout en retenant une violation aux droits d’auteur sur les œuvres de Tolkien, non encore tombées dans le domaine public.
L’écrivain Demetrious Polychron est un très grand fan de la franchise du Seigneur des Anneaux et voulait écrire la suite logique et « parfaite » selon ses dires, de l’œuvre de Tolkien. Cependant, son projet n’a pas pu se réaliser comme il le souhaitait. Après avoir approché le petit-fils du célèbre écrivain dès 2017, pour obtenir l’autorisation d’écrire une suite à cette œuvre mythique, celui-ci a dû essuyer de nombreux refus. Pour autant, grand fan dévoué comme il est, Demetrious ne s’est pas résigné, et a décidé de faire paraître son œuvre lui-même en 2022. Ce récit reprend de nombreux personnages de la série du Seigneur des Anneaux alors que cette œuvre est encore soumise à une protection par les droits d’auteur. Il avait pour immense projet de rédiger 7 livres pour faire suite à l’œuvre de Tolkien, pouvant être adaptés en 21 films.
En septembre 2022, est sortie la série sur Amazon Prime, Les Anneaux du pouvoir, se déroulant plusieurs siècles avant l’intrigue du Seigneur des Anneaux. Demetrious a assigné en avril 2023 Amazon Prime et Tolkien’s estate – structure juridique qui est chargée de la gestion des droits d’auteur de J. R. R. TOLKIEN sur ses nombreuses œuvres – en plagiat de sa séquelle, demandant à cette occasion, une indemnisation de 250 millions de dollars en dommage et intérêts. En effet, l’un des personnages principaux de l’œuvre fan fiction de Demetrious est dénommé « Eleanor », fille de Sam Gamegie (une hobbit) et aurait été reprise dans la série produite par Amazon. Cependant, la ressemblance s’arrête ici, les intrigues se déroulant à des périodes et avec des scénarios totalement différents, séparés par des millénaires de fantaisies.
Une première décision a été rendue au mois d’août, retenant que cette action en justice était frivole et devait donc être rejetée. Cependant, la Tolkien’s estate avait formé à son tour un recours en juin contre l’écrivain, pour avoir publié une œuvre en violation des droits d’auteurs de J. R. R. Tolkien. Ainsi, par une décision rendue mi-décembre, non seulement, l’auteur a été condamné à payer les frais de justice pour l’action intentée, mais il a aussi été décidé que celui-ci devait retirer du commerce son œuvre et détruire tous les exemplaires physiques et numériques de celle-ci.
Polychron a nié toute violation de droits d’auteur et a qualifié son livre comme étant un « hommage affectueux » au Seigneur des Anneaux. Cependant, le juge a retenu que cet écrivain avait reconnu dans ses écritures que son œuvre avait bien pour but de créer une suite à l’œuvre de Tolkien et que par conséquent, une œuvre non autorisée dérivée d’une œuvre originale protégée ne peut pas elle-même recevoir de protection de droit d’auteur.
Triste sort pour ce fan dévoué, qui aurait pu attendre que l’œuvre tombe dans le domaine public, pour tenter de réaliser cette suite qui lui tenait tant à cœur. L’œuvre de Tolkien en droit français sera libre de toute exclusivité en 2044, soixante-dix ans après la mort du célèbre écrivain.
Paul LECOMPTE
Sources :
https://www.nytimes.com/2023/12/21/arts/lord-of-the-rings-sequel-lawsuit.html
https://www.washingtonpost.com/nation/2023/12/19/lord-of-the-rings-lawsuit-fan-sequel/
https://www.tolkienestate.com/fr/
https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=1000056733.html
Eminem au cœur d’une bataille légale pour défendre sa marque « Slim Shady »
Nouveau rebondissement dans la bataille légale opposant la marque Slim Shady à la marque Reasonable Shady : les défendeurs reprochent subtilement à Eminem de ne pas vouloir se présenter personnellement aux procédures d’interrogation par les avocats.
En effet, en février 2023, le rappeur Eminem avait formé une opposition de marque contre celle déposée par Robyn Dixon et Gizelle Bryant, deux des stars de l’émission Real Housewives of Potomac, du nom de « Reasonable Shady ».
Cette opposition n’est pas surprenante en raison de l’alter ego du rappeur « Slim Shady », qui est notamment enregistré sous forme de marque depuis 1998. L’opposition se base à la fois sur un risque de confusion avec la marque détenue par le rappeur mais également sur le fondement selon lequel la protection de la marque litigieuse viendrait nuire à la « qualité distinctive » de la marque « Slim Shady ». De plus, les deux marques se croisent au regard de certaines de leurs classes telles que celles portant sur les services de divertissements et des produits de marchandises (notamment les vêtements).
Les deux stars titulaires de la marque litigieuse se sont également fait remarquer en insistant avec véhémence pour la présence d’Eminem lors des négociations. Cela permettrait aux avocats des défendeurs d’interroger le rappeur afin d’obtenir plus d’informations quant à l’opposition. Les avocats de ce dernier, après avoir constaté l’absence de raisons logiques pour que leur client se rende aux négociations, ont également demandé une mesure de protection afin de le dispenser de se présenter au tribunal. En effet, il est pour eux illogique de demander à la célébrité de répondre à des questions en matière de propriété intellectuelle alors qu’il a parmi son entourage des personnes bien plus renseignées sur la matière.
Cette réponse a alors surpris les défendeurs qui s’interrogent sur les raisons pour le rappeur de déposer une opposition sans vouloir s’exprimer quant à celle-ci. Néanmoins, il semble hautement improbable que ce dernier se rende présent d’une part aux interrogatoires mais désormais également au tribunal.
Ken SERAIN-YAMASAKI
Sources :
https://www.mandourlaw.com/reasonably-shady-slim-shady-trademark/
https://trademarklawyermagazine.com/eminem-gets-shady-with-the-real-housewives-cast-members/
https://collider.com/real-housewives-of-potomoac-eminem-gizelle-bryant-robyn-dixon/
https://www.hotnewhiphop.com/749044-eminem-real-housewives-shady-podcast-deposition-hip-hop-news
La nouvelle influenceuse virtuelle européenne qui génère près de 10 000 euros par mois
Aitana Lopez est décrite sur ses réseaux sociaux comme une influenceuse espagnole de 25 ans. En réalité, cette identité est entièrement générée par l’intelligence artificielle et n’est absolument pas réelle.
« fit_aitana » sur Instagram n’est autre que l’une des créations de l’agence de mannequins artificiels The Clueless, gérée par le designer espagnol Rubén Cruz. Le but de cette agence est de procéder à un remplacement des vraies mannequins et influenceuses, par des égéries créées, générées, et retouchées par l’intelligence artificielle et des logiciels de montages photos. « Nous l’avons fait pour pouvoir mieux vivre et ne pas dépendre d’autres personnes qui ont un ego, qui ont des manies ou qui veulent simplement gagner beaucoup d’argent en posant » explique Cruz.
Le profil de l’influenceuse est clairement réussi, allant jusqu’à tromper des personnalités des réseaux, ou même une partie de la population. Mais le véritable intérêt de ces profils réside dans les revenus générés par Aitana. En effet Cruz révèle que les partenariats et abonnements payants souscrits par les internautes sur son profil permettent de générer environ 10 000 € par mois. La modèle gère un compte Fanvue, une plateforme par système d’abonnement payant à un créateur pour voir ou recevoir du contenu exclusif de sa part. Sur son compte, Aitana y poste du contenu principalement en maillot de bain, ou tenue légère, contre un abonnement à 15 euros par mois. Le tarif de cette influenceuse IA étant comparable à celui d’une influenceuse classique pour ce genre de contenus. Un profit évident pour la société The Clueless.
Au vu des avantages de ces mannequins IA, les marques vont préférer se tourner vers ce type de profils pour promouvoir leurs produits et services. En effet, les marques ont un contrôle total sur ces influenceurs, qui ne risquent pas de provoquer de controverse, ou même de rater le placement de marque, ou de nuire à la promotion de celle-ci. Ils ne peuvent jamais se plaindre et n’ont pas de morale à promouvoir certains produits ou services problématiques, comme les jeux d’argent, produits pharmaceutiques potentiellement dangereux (CBD, chirurgie esthétique, …), ou contenus pour adultes.
Aujourd’hui les influenceurs et influenceuses virtuels se multiplient. L’une des premières créations de courant de mode est l’influenceuse américaine Lil Miquela (@lilmiquela) aux 2.6M de followers sur Instagram, et 3.7M sur TikTok. Elle est aujourd’hui la principale influenceuse IA. Elle a notamment participé à de nombreuses collaborations commerciales avec les plus grandes marques : allant d’une publicité pour un nouveau téléphone Samsung Galaxy, à des publicités pour des marques de luxe avec la marque Calvin Klein aux côtés de la mannequin humaine Bella Hadid, ou pour les sacs de la marque Alexander McQueen. Ses tarifs sont aux alentours de 8.000$ à 10.000$ le post publicitaire sur ses réseaux, un montant hallucinant pour une simple création artificielle.
Mais ces nouveaux « IA-fluenceurs » peuvent représenter un véritable danger pour la population. Le profil trompe le public, et reflète ce qui semble être la vie de quelqu’un qui existe réellement, de chair et d’os. Une vie parfaite et un physique souvent très attrayant qui mènent à une promotion de l’hypersexualisation des femmes et de normes de beauté et de vie irréalistes. Un fardeau pour les plus jeunes utilisateurs de réseaux sociaux et d’Internet dans le monde virtuel d’aujourd’hui.
Lucas SANFILIPPO
Sources :
–https://supercarblondie.com/fr/ai-influencer-lil-miquela/
Comptes des influenceurs IA :
–https://www.instagram.com/fit_aitana/