Bonsoir à toutes et à tous,
Les brèves du 31 mars au 07 Avril sont disponibles sur notre blog.
Cette semaine :
🏴☠️ Renseignez-vous sur les nouvelles techniques des pirates informatiques pour voler vos informations par des IA chatbots
🌘 Suivez le nouveau développement de la saga du module lunaire SLIM
📺 Découvrez pourquoi les chaînes C8 et CNews pourraient bientôt être retirées de la TNT
📝 Informez-vous sur la modification de la contestée Loi SREN en commission mixte paritaire
🧰 Découvrez une recommandation de la Commission européenne présentant une « boite à outils » pour lutter face à la contrefaçon
En vous souhaitant une bonne lecture et une bonne semaine !
Le Collectif ☀
#IPIT #IP #IT #M1PIDN #CollectifIPIT
L’emploi de chatbots par des cybercriminels pour pirater et voler des données sensibles
Depuis quelques années, les technologies de langage naturel par IA génératives telles que ChatGPT et ses homologues se développent à une vitesse fulgurante dans le monde numérique. Cependant, loin d’être uniquement bénéfiques, ces avancées technologiques ont ouvert la porte à de nouvelles formes de cybercriminalité, comme le soulignent Oli Buckley, professeur à l’Université d’East Anglia, et Jason R.C. Nurse, professeur associé à l’Université du Kent, dans un récent article publié sur The Conversation.
Les chercheurs ont identifié l’émergence de chatbots spécialisés dans l’assistance des cybercriminels dans leurs activités malveillantes. Parmi ceux-ci, on compte WormGPT et FraudGPT, des applications, aux noms assez révélateurs d’activités illégales, dédiées à la conception de logiciels malveillants et à l’exploitation de failles de sécurité dans les systèmes. Ces chatbots fournissent également des conseils pour tromper les internautes et compromettre des appareils électroniques.
Un autre exemple est Love-GPT, un service utilisé pour des « escroqueries romantiques ». Ces chatbots peuvent aider à créer de faux profils sur des applications de rencontre populaires telles que Tinder, élargissant ainsi le champ d’action des arnaqueurs en ligne. Cette fraude permet notamment de toucher un public plus jeune éminemment plus présent sur ce genre d’applications, et qui est parfois déjà entraîné à ne pas tomber dans les pièges de logiciels malveillants classiques.
Face à cette menace croissante, les professeurs Buckley et Nurse mettent en garde les utilisateurs sur la nécessité d’adopter des mesures de sécurité strictes. Ils appellent à la prudence lors de la réception de messages, vidéos ou photos qui paraissent légitimes, car ils pourraient être générés par des intelligences artificielles produisant des contenus de plus en plus crédibles.
De plus, les internautes sont vivement encouragés à éviter de partager des informations sensibles ou privées avec des chatbots tels que ChatGPT et ses concurrents. En effet, les cybercriminels pourraient manipuler ces systèmes pour obtenir ces données confidentielles à des fins malveillantes. La transparence de certains logiciels d’IA étant encore aujourd’hui à revoir, il est nécessaire de prendre des précautions vis à vis de l’utilisation de tels logiciels.
Ces professeurs américains appellent à la vigilance, en particulier dans l’utilisation de ces technologies dans des domaines sensibles, dans lesquels les données personnelles des utilisateurs pourraient être des informations cruciales à exploiter pour les e-pirates. Avant l’adoption de législations répressives comme l’IA Act qui ne cesserait de tarder à rentrer en vigueur, il est essentiel d’adopter des mesures de sécurité adéquates pour se prémunir contre les menaces actuelles et futures sur ces logiciels.
Lucas SANFILIPPO
Sources :
–https://theconversation.com/profiles/oli-buckley-1358005
–https://theconversation.com/profiles/jason-r-c-nurse-392784
–https://atlantico.fr/author/jason-r-c-nurse
Le module SLIM émerge de sa seconde nuit sur la Lune
La nouvelle nous est parvenue par le biais du compte X officiel du module SLIM : ce dernier a bien survécu à sa seconde nuit lunaire de quatorze jours et a envoyé, à son réveil, de nouvelles images à l’agence spatiale japonaise (JAXA).
Le message transmis par l’équipe en charge de la mission informe que « La nuit dernière, nous avons reçu une réponse de #SLIM, confirmant que l’engin spatial a survécu à la nuit lunaire pour la deuxième fois ! Comme le soleil était encore haut et que l’équipement était encore chaud, nous n’avons pris que quelques photos du paysage habituel avec la caméra de navigation. #GoodAfterMoon ».
Le texte est joint d’une photo capturée par le module, qui montre une surface lunaire parsemée de nombreux rochers.
Pour rappel, le module SLIM est le module lunaire conçu par la JAXA, ayant accompli son alunissage au cours du mois de janvier, faisant du Japon le cinquième pays à poser un objet sur la Lune. Le module a permis de démontrer sa technologie d’alunissage précis, le plaçant à moins de cent mètres de son objectif.
Le module avait dû être mis « en veille » lorsque son taux de batterie avait chuté à un critique 12%. Du fait des conditions extrêmement dures des nuits de deux semaines sur la Lune qui ont déjà eu raison, samedi dernier, du module privé américain Odysseus, et de la composition de SLIM non prévue pour résister à ce genre de conditions, les chances de réveil étaient considérées comme minimes. Ainsi, le premier et désormais le second réveil du module SLIM constituent un grand étonnement mais surtout une grande joie pour les scientifiques japonais.
Si certains composants du module commencent à subir les échos d’une exposition prolongée aux conditions extrêmes de la surface lunaire, l’équipe ayant réalisé la mission confirment que « la majorité des fonctions qui ont survécu à la première nuit lunaire ont été maintenues même après la deuxième nuit lunaire ». Ces constats nourrissent l’espoir de voir le module SLIM survivre à une troisième longue nuit.
Ken SERAIN-YAMASAKI
Sources :
https://www.japantimes.co.jp/news/2024/03/28/japan/moon-probe-survives-second-lunar-night/
https://twitter.com/SLIM_JAXA/status/1773190431758508138
https://www.space.com/japan-slim-moon-lander-wakeup-lunar-night
https://www.space.com/japan-slim-moon-lander-survives-second-lunar-night
Interrogations sur l’avenir de C8 et CNews dans le cadre de l’attribution de fréquences pour la diffusion de chaînes de la TNT nationale
L’ARCOM envisage le renouvellement de 15 fréquences de la TNT en 2025. En effet, la télévision numérique terrestre, lancée en 2005 en France, a largement évolué et régulièrement, des chaînes disparaissent et d’autres voient le jour. Ces changements nécessitent des appels d’offres réguliers pour l’attribution des canaux, avec des engagements sur les programmes diffusés. Plusieurs critères sont pris en compte par le régulateur dans le cadre de ce renouvellement et notamment le pluralisme de l’information et des courants d’expression socio-culturels, l’intérêt pour le public ou encore l’engagement de la candidature en matière de soutien à la création, sa contribution et les mesures prises en matière sociétale et de protection des publics…
A cette occasion, une question se pose quant à l’avenir de la chaîne C8. Vincent Bolloré, actionnaire majoritaire de Vivendi, propriétaire de plusieurs chaînes dont C8 et CNews, était attendu à l’Assemblée Nationale pour répondre à cette question. La ministre de la Culture précédente avait déjà évoqué la possibilité de ne pas renouveler les fréquences des deux chaînes.
Depuis plusieurs années, C8 et Cnews sont régulièrement sanctionnées par l’ARCOM pour des infractions éditoriales. Le 19 mars dernier, C8 recevait une mise en demeure pour une séquence de l’émission « Touche pas à mon poste ». Dans cette séquence, Cyril Hanouna et ses chroniqueurs interrogeaient Loanna, ancienne star de télé-réalité, à propos d’un viol dont elle a été victime. Alors que la jeune femme avait des difficultés à évoquer ce sujet, les chroniqueurs ont continué à lui poser des questions intrusives. Il a alors été reproché à la chaîne son non-respect de l’obligation de retenue dans la diffusion d’images susceptibles d’humilier les personnes ainsi qu’un manque à son obligation de maîtrise de l’antenne.
Dans le même mois, la chaîne avait été mise en garde pour avoir diffusé un baiser forcé et des attouchements envers une chroniqueuse dans une séquence. De même, la chaîne CNEWS avait également été mise en garde pour les propos de l’animateur Pascal Praud, qui suggérait que les punaises de lit pouvaient être apportées par les immigrés qui « n’ont pas les mêmes conditions d’hygiène que ceux qui sont sur le sol de France ».
En février dernier, le Conseil d’Etat avait d’ailleurs demandé à l’ARCOM de mieux contrôler CNews et le temps de parole des animateurs et chroniqueurs pour veiller au pluralisme. En effet, le Conseil d’État a précisé que le régulateur ne devait pas seulement se limiter au décompte du temps de parole des personnalités politiques, mais également veiller à ce que la chaîne reflète la diversité des opinions, y compris celles des chroniqueurs, animateurs et invités. Le régulateur dispose d’un délai de 6 mois pour réaliser ce contrôle.
Lors de son audition, Bolloré a été interrogé sur le fonctionnement éditorial de ses chaînes et ses interactions avec les rédactions. Il a déclaré ne pas intervenir sur les contenus des chaînes malgré des interactions fréquentes avec les responsables éditoriaux. Pourtant, dans l’émission « en quête d’esprit » sur CNEWS, une infographie assimilant l’IVG à la plus grande « cause de mortalité » dans le monde avait été diffusée. Bolloré a confirmé ses « convictions » catholiques ainsi que sa position peu favorable à l’IVG mais a nié vouloir promouvoir des idées d’extrême droite à travers ses chaînes.
Jeanne BUCLEZ
Sources :
Modification de la loi SREN : un accord a été trouvé en commission mixte paritaire
La réunion de la commission mixte paritaire concernant le projet de loi sur la sécurisation et la régulation de l’espace numérique (SREN) s’est tenue le mardi 26 mars. Bien que le projet ait été adopté en juillet par le Sénat et en octobre par l’Assemblée nationale, sa promulgation est retardée en raison de critiques, notamment sur certains aspects qui semblent empiéter sur les compétences de réglementation de l’Union européenne, notamment le Digital Services Act (DSA).
Les députés et les sénateurs ont convenu à huis clos d’une nouvelle version du texte, alignée sur le DSA et la directive de 2000 sur le commerce électronique.
Selon les informations rapportées par Le Monde, deux amendements ont été retirés. L’un concernait l’interdiction pour les influenceurs de promouvoir des contenus pornographiques sur des plateformes ne vérifiant pas l’âge de leurs utilisateurs, tandis que l’autre portait sur l’obligation pour les réseaux sociaux de signaler aux parents les enfants cyber-harceleurs. La disposition prévoyant le blocage administratif des sites pédopornographiques, sans l’intervention d’un juge, a été modifiée pour se conformer à la directive sur le commerce électronique. En conséquence, les fournisseurs de ces services sont soumis à la législation de l’État dans lequel ils sont établis. L’article a été ajusté pour cibler spécifiquement les plateformes de partage de vidéos, afin de s’aligner avec la directive européenne sur les services de médias audiovisuels, qui impose la vérification de l’âge. Des ajustements ont également été apportés au filtre anti-arnaques et à la création d’un référentiel de vérification d’âge.
De plus, une nouvelle infraction, qualifiée d’« outrage en ligne », a été introduite, visant les comportements discriminatoires, injurieux ou harcelants, passible d’une amende forfaitaire. La peine de suspension temporaire des réseaux sociaux, associée à diverses infractions telles que le cyberharcèlement, a été maintenue. Des mesures visant à renforcer la protection des données de santé, notamment celles du Health Data Hub, ont également été adoptées.
Outre l’Union européenne, l’association La Quadrature du Net a exprimé des réserves sur le projet de loi, notamment en ce qui concerne la protection contre les arnaques en ligne. Elle a critiqué le fait que cet article impose aux fournisseurs de navigateurs Internet de participer activement à la censure. L’association a également dénoncé les dispositions relatives à l’accès aux contenus pédopornographiques, affirmant qu’elles compromettent l’anonymat en ligne et rapprochent la France d’un régime autoritaire. Selon La Quadrature du Net, la régulation par le biais de la censure et des atteintes aux droits fondamentaux n’est pas la solution adéquate, prônant plutôt d’autres approches telles que l’obligation d’interopérabilité des réseaux sociaux. Cette dernière option avait été envisagée lors du Digital Markets Act, mais la France avait réussi à la faire retirer lors des discussions législatives.
Le Sénat votera la nouvelle version de la loi SREN le 2 avril, ensuite le texte sera soumis au vote de l’Assemblée nationale le 10 avril. Son adoption reste sujette à plusieurs enjeux, notamment les débats suscités par les préoccupations concernant le contrôle social de masse, soulevées par des députés tels que Ségolène Amiot de la France Insoumise. De plus, une procédure de question prioritaire de constitutionnalité pourrait conduire à la censure de certaines dispositions jugées contraires à la Constitution.
Idil SENOL
Sources :
https://siecledigital.fr/2024/03/28/une-commission-mixte-paritaire-modifie-la-contestee-loi-sren/
Recommandation européenne : une “boîte à outils” pour lutter contre la contrefaçon
La Commission a publié le 19 mars une recommandation pour combattre la contrefaçon, en ligne ou hors ligne, et visant à renforcer le respect des droits de propriété intellectuelle. Cette recommandation doit permettre aux titulaires de droits de propriété intellectuelle de mieux défendre leurs actifs immatériels, en leur fournissant une gamme d’outils concrets.
Avec ce texte, la Commission entend renforcer et moderniser les moyens de lutte contre la contrefaçon, en favorisant une collaboration des titulaires de droits avec les prestataires de services intermédiaires et les autorités publiques pour assurer la protection de leurs droits. Le marché des produits protégés par des droits de propriété intellectuelle intéresse des organisations criminelles qui entendent contrefaire ces produits en masse pour générer des profits importants. Cette recommandation a été prise dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée pour faire face à ces business model, qui peuvent avoir des implications importantes pour la sécurité et la santé des consommateurs, ainsi que pour l’environnement. Ces nombreux réseaux de contrefaçons ont pu proliférer en ligne avec la pandémie du Covid-19, intégrant le marché via Internet, raison pour laquelle une action conjointe avec les grands acteurs du numérique est requise.
Comme a pu le déclarer Thierry Breton, commissaire au marché intérieur, « des outils efficaces de lutte contre la contrefaçon sont indispensables à la protection de la propriété intellectuelle, à la sécurité des consommateurs et à l’innovation. ». Ainsi, cette recommandation fait guise de passerelle entre le protocole d’accord sur la vente de contrefaçons sur l’internet et d’autres outils juridiques visant à sécuriser le marché numérique, comme le règlement sur les services numériques (DSA). Ce texte contient « une série d’outils supplémentaires pour lutter contre la contrefaçon, tout en soutenant la compétitivité des PME et des entreprises à travers l’Europe ».
La Commission propose dans cette recommandation diverses mesures pour favoriser une collaboration entre les différents acteurs précédemment cités. Elle propose notamment la désignation d’un point de contact unique en matière de respect des droits de propriété intellectuelle avec l’EUIPO, mais aussi d’encourager le recours au statut de « signaleur de confiance » prévu par le DSA, pour permettre un traitement privilégié des notifications effectuées face à ces contenus illicites. Ce texte propose aussi de renforcer les moyens mis à la disposition des autorités de surveillance du marché pour détecter et combattre la contrefaçon.
Au niveau procédural, la Commission propose d’adapter les procédures pour lutter contre les nouvelles pratiques de contrefaçon, en renforçant le pouvoir d’injonction du juge européen et en apportant une indemnisation appropriée des dommages subis par les titulaires de droits. La Commission encourage aussi le recours aux règlements extrajudiciaires des litiges pour permettre d’apporter une solution rentable et efficace aux titulaires de droit.
La Commission entend moderniser la lutte face à la contrefaçon en prenant en considération les évolutions techniques, et notamment le recours aux systèmes d’IA et aux mondes virtuels, pour adapter les pratiques en matière de PI et favoriser la traçabilité des marchandises.
Cette recommandation est prise dans le cadre du plan d’action de 2020 en faveur de la propriété intellectuelle, qui vise à promouvoir la protection de ces droits et surtout pour les PME qui protègent difficilement leurs actifs immatériels. C’est en quoi la recommandation prévoit aussi des mesures spécifiques pour ces entreprises, comme des aides financières pour les coûts liés aux conseils en PI ou encore des formations pour sensibiliser aux vols en ligne, comme des cyberattaques visant leurs secrets d’affaires.
La Commission vise particulièrement à combattre ces réseaux de contrefaçons organisés, car selon ses estimations, en 2019, ces contrefaçons représentaient 6% des importations de l’Union européenne, impliquant une perte de 15 milliards d’euros de recettes fiscales et la perte de 670 000 emplois dans les industries en lien avec des droits de propriété intellectuelle.
Paul LECOMPTE
Sources :
https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_24_1551