Bonjour,
Les brèves du 6 au 12 juin 2022 par le Collectif sont désormais disponibles. N’hésitez pas à les lire et à nous faire un petit retour sur nos réseaux sociaux respectifs.
Très bonne lecture !
Le bitcoin : une monnaie réellement décentralisée et anonyme ?
Source : Raphael Wild / Unsplash
En 2009, est né le bitcoin. L’inventeur supposé du Bitcoin, Satoshi Nakamoto, souhaitait se passer des institutions financières existantes, centralisées, en les remplaçant par un système basé sur la confiance, par la preuve cryptographique à l’aide des mathématiques et d’un réseau informatique, la blockchain. L’un des piliers de cette cryptomonnaie repose sur le fait que ce moyen de paiement est anonyme et décentralisé, ce qui permet de protéger l’identité de ceux qui effectuent les transactions.
Cependant, une étude récente réalisée par des chercheurs américains d’universités texanes, dirigés par Alyssa Blackburn, scientifique des données, a dévoilé que ce moyen de paiement n’est ni si décentralisé, ni réellement anonyme. Dans leur article intitulé Cooperation among an anonymous group, protected Bitcoin during failures of decentralization, les chercheurs expliquent avoir utilisé une technique appelée « liaison d’adresses » afin d’étudier les transactions de bitcoins au cours des deux premières années de son existence, de janvier 2009 à février 2011. Les chercheurs relèvent que « la plupart des bitcoins ont été minés par seulement 64 agents […] représentant collectivement 2 676 800 bitcoins (soit une valeur actuelle de 84 milliards de dollars) ». Ainsi, cette cryptomonnaie a réussi à fonctionner avec 64 agents mineurs seulement, ce qui « ne correspond pas à l’esprit de la cryptomonnaie décentralisée et sans confiance » selon Alyssa Blackburn. Et, selon les chercheurs, « la richesse, les revenus et les ressources durant cette période étaient hautement centralisés dans la communauté Bitcoin ». Ils ajoutent que, dès le départ, des techniques d’analyse de données auraient pu permettre de lever l’anonymat des propriétaires des portefeuilles crypto.
Par ailleurs, grâce aux paires de clés, il est possible de « suivre l’argent » écrivent-ils dans leur article, pour exposer n’importe quelle identité en suivant une chaîne de parenté dans un graphe d’adresses, à partir d’une identité connue. « Dans cette approche, l’identité d’une adresse Bitcoin cible peut être déterminée en identifiant un court chemin de transaction la reliant à une adresse dont l’identité est connue, puis en utilisant des sources de données hors chaîne (allant des données publiques aux assignations à comparaître) pour suivre le chemin, en déterminant qui a payé qui pour dépersonnaliser les adresses jusqu’à ce que l’adresse cible soit identifiée ». Interviewée par le New York Times, Alyssa Blackburn a confié que « lorsque vous chiffrez des données privées et que vous les rendez publiques, vous ne pouvez pas supposer qu’elles resteront privées pour toujours ».
Cependant, ce constat n’est pas nouveau, une cryptographe de l’University College London, Sarah Meiklejohn, avait déclaré au New York Times : « nous savions tous que l’exploitation minière était assez centralisée […] il n’y a pas tant de mineurs que ça. C’est vrai même aujourd’hui, bien sûr, et c’était encore plus vrai au début ».
Les chercheurs soulignent également que ce groupe de 64 mineurs, alors même qu’il aurait pu générer de l’argent facilement aux dépends du projet, semble s’être entendu pour aider la blockchain à se développer, et ajoutent qu’il est « probable que des organisations comme la NSA, le ministère de la Sécurité d’Etat chinois, et l’Unité 2800 d’Israël ont depuis longtemps accès à ces informations et ont choisi de ne pas trahir cette capacité pour préserver le mythe de la pseudonymité et renforcer l’impression que leurs transactions étaient privées ».
Loriane LAVILLE
Sources :
https://siecledigital.fr/2022/06/09/bitcoin-pas-si-decentralise-ni-anonyme/
https://www.presse-citron.net/le-bitcoin-decentralise-et-anonyme-est-un-vaste-mensonge-les-chiffres/
https://aidenlab.org/bitcoin.pdf
Mariah Carey accusée de plagiat pour sa célèbre chanson « All I Want for Christmas Is You »
En décembre, pendant les fêtes de fin d’année, une chanson incontournable refait surface, il s’agit de « All I Want for Christmas Is You » par l’artiste Mariah Carey. Cette chanson ayant un grand succès planétaire, lui aurait rapporté près de 60 millions de dollars depuis sa sortie. Toutefois, l’artiste a fait récemment l’objet d’une accusation de plagiat, remettant en question la notoriété de sa chanson.
En effet, l’artiste Andy Stone revendique les droits d’auteur pour la célèbre chanson « All I Want for Christmas is You », réfutant toute création autonome de la part de Mariah Carey et réclamant ainsi 20 millions de dollars de dommages et intérêts. Bien que cette chanson connaisse son apogée dans le monde entier depuis 1994, le plaignant arbore avoir enregistré une chanson ayant le même titre avec son groupe Vince Vance and the Valiants en 1989. Cette chanson aurait d’ailleurs connu un succès modéré auprès des amateurs de la musique country. De ce fait, il accuse Mariah Carey d’avoir « engagé consciemment, volontairement et intentionnellement une démarche visant à violer son droit d’auteur ».
À titre comparatif, ci-dessous, les versions originales des chansons des deux artistes :
Vince Vance & The Valiants – All I Want for Christmas Is You
Mariah Carey – All I Want for Christmas Is You (Make My Wish Come True Edition)
Hormis le titre, en écoutant objectivement les deux chansons, il n y a pas de similitudes flagrantes au niveau du son, de la mélodie, des paroles ainsi que du rythme. Il n’en demeure pas moins qu’Andy Stone reproche à Mariah Carey d’avoir cherché à « exploiter la popularité et le style unique, créant ainsi de la confusion auprès de l’esprit du public.
Actuellement, les deux artistes n’ont toujours pas trouvé de compromis afin de régler cette histoire. Toutefois, cela peut être assez dubitatif d’attendre 30 ans afin de revendiquer des droits d’auteur, quand bien même que 177 chansons portant le même titre sont enregistrés sur le site Internet du “United States Copyright Office”
Si le plaignant obtient gain de cause, sera-t-il la fin d’une hymne planétaire à l’occasion des fêtes de fin d’années ? Affaire à suivre.
Cédric Neldé Kossadoum
Sources :
https://www.marieclaire.fr/mariah-carey-devoile-nouveau-clip-tube-noel-all-i-want-for-christmas-is-you,1334272.asp (source image )
Blanchiment de capitaux et financement du terrorisme : les CNIL européennes interpellent le législateur européen
Source : Rapport Gafi 2020
Récemment, le Comité européen de la protection des données (CEPD) a publié une lettre adressée au Parlement européen, à la Commission européenne, et au Conseil de l’Union européenne sur la proposition du 20 juillet 2021 d’un nouveau cadre législatif concernant la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT).
L’objectif du texte est clair, puisqu’il s’agit d’accroître la détection de transactions et activités suspectes. Toutefois, à l’étude du nouveau cadre législatif, la CNIL et ses homologues ont alors décidé d’interpeller publiquement les législateurs européens sur les enjeux importants que soulève cette proposition en matière de protection des données.
D’abord, ils considèrent qu’il est impératif que les législateurs européens estiment mieux les principes posés par le Règlement général sur la protection des données (RGPD) pour élaborer la nouvelle réglementation LCB-FT. Pour ce faire, ces derniers relèvent que l’obligation de traiter seulement des données exactes, pertinentes, et limitées à ce qui est nécessaire, permettrait d’améliorer considérablement l’efficacité de la LCB-FT.
Ensuite, ils en ont profité pour exiger de « préciser les conditions de traitement des données personnelles dans les textes européens ». La CNIL et ses homologues européens considèrent en effet que les futurs textes devraient préciser les principales règles encadrant les traitements de données personnelles que les organismes concernés devront appliquer. En outre, ils exigent que les catégories de données et les conditions de leur utilisation soient précisées directement dans la future réglementation, afin de souligner l’importance de la réglementation en matière de données à caractère personnel.
Par ailleurs, la lettre affirme l’importance de « prévoir des garanties et des précisions pour le traitement des données sensibles et des données relatives aux condamnations pénales » et « [d’]encadrer les sources de données utilisées par les organismes concernés ». À cet égard, ils ont précisé que les autorités de protection des données ont le pouvoir d’initier des investigations et d’adopter des mesures répressives en cas de non-respect du RGPD. Aussi, ils interpellent les législateurs européens à mieux encadrer l’activité des prestataires de services spécialisés dans la fourniture de l’information.
Enfin, le CEPD exige d’être « impliqu[é] davantage dans l’élaboration des textes », et ce, en étant associé aux discussions européennes portant sur les discussions et l’élaboration du paquet législatif. Autant dans le texte réglementaire que dans l’élaboration des normes techniques réglementaires, des lignes directrices et des recommandations relatives à la LCB-FT.