I. Présentation
Bonjour Laurent, vous êtes photographe professionnel, est-ce que vous pouvez tout d’abord vous présenter ainsi que décrire votre parcours ?
J’ai toujours baigné dedans. C’est une affaire familiale. Mon oncle était photographe professionnel et mon père faisait de la photographie pour son loisir. J’ai eu mon bac en 1996. J’ai commencé par faire une maîtrise de sciences-éco en 2001. J’ai un double diplôme allemand. Je suis parti en Erasmus où je voulais prendre en photo dans un grenier tous les gens que j’avais rencontrés et de là j’ai vraiment développé ma passion. Je me suis rendu compte que j’étais très mal quand je descendais de mon grenier (rires). J’ai fait un CAP photo en alternance au CIFAP à Pantin après mon diplôme. J’y ai fait aussi un Brevet des Techniciens des Métiers en 2003 à l’école de la chambre des métiers. Ensuite je suis rentré dans un studio en régie NUMERIQUE (Le petit oiseau va sortir) et j’y suis parti en 2010 pour me lancer à mon tour.
Il y a peu de temps j’ai travaillé avec l’Assistance Publique. Dans ce cadre j’avais tout financé moi-même. C’est eux qui m’ont contacté pour une exposition avec d’autres photos qui existaient déjà pour le hall de l’hôpital. Le problème c’est qu’ils voulaient que je finance mon projet parce qu’ils n’avaient aucun budget, mais bien évidemment je ne pouvais pas moi-même payer les 50 tirages. D’un autre côté c’était bien pour ma visibilité puisque beaucoup de gens passent dans le hall de l’hôpital mais bon, c’était quand même plus un projet personnel que quelque chose qui allait me permettre de me faire connaître professionnellement. J’ai pu grâce à l’AP-HP bénéficier d’une grosse organisation et toucher un grand nombre de personnes pour mon projet de « Travailleurs du XXIème siècle », ils ont aimé mon projet de prendre en photo les gens dans la fierté de leur travail. Mais en plus d’être accepté par la direction de l’Hôpital Henri Mondor il fallait que chaque chef de service accepte ce projet, ça a mis environ 8 mois. C’était un style que je voulais développer pour en faire ma marque. On part rarement d’une feuille blanche en photo (rires), bien sûr qu’on « s’inspire » toujours. Mais à côté de ça, c’est tout un travail de peaufinage, il faut trouver ce style particulier qui va caractériser le photographe avec la retouche photo par exemple. Dans mon cas, je voulais isoler le personnage dans son travail dans son milieu par ce coup de flash qui tombe principalement sur lui.
La reconnaissance de votre travail a-t-elle été difficile pour vous ?
Je crois que c’est difficile pour tout le monde. L’école (N.B : CIFAP) ne m’a pas permis de me faire un réseau par exemple contrairement aux grandes écoles de photographie comme les Gobelins. C’est surtout le fait d’avoir travaillé en alternance. C’est le patron qui m’a pris en alternance qui m’a ensuite embauché. La clientèle est un indicateur très important en photographie. C’est le fait qu’on vienne nous appeler qui fait notre reconnaissance. Je ne pense pas être un photographe reconnu mais j’espère gagner cette notoriété.
Pensez-vous qu’elle (la reconnaissance) soit difficile pour tous les photographes ?
Bien sûr. Il arrive qu’un carnet d’adresse puisse être très utile mais globalement le travail acharné et la qualité de ce travail feront leur preuve sur le long terme.
II. Relation de l’auteur à son œuvre
Est-ce qu’internet vous a permis de vous faire connaître ?
Internet a permis de me montrer, de montrer mon travail et ce que je faisais. Maintenant, c’est vrai que ça n’est pas internet qui m’apporte des clients. J’utilise aussi Instagram et Facebook. Je les utilise pour montrer à un public que je ne pourrais pas toucher autrement. Je ne pense pas que ça m’ait emmené du travail directement. Facebook ne marche pas assez pour ça, de mémoire la photo où j’ai eu le plus de vues est une photo du publiée dans le Parisien avec 1700 vues.
Quelle relation entretenez-vous avec vos photos ?
Je n’ai pas de problème avec le fait de montrer les photos. Mes photos sont faites pour être vues par le plus grand nombre pour être rachetées. Je voudrais faire une expo avec mes Polaroïd, mais je ne sais pas encore, c’est toujours beaucoup de questions que l’on se pose par rapport à ce que l’on produit.
Vos œuvres sont-elles libres de droit ? Pourquoi ?
Non. L’occasion ne s’est pas présentée. Mes clients sont essentiellement des industriels ou de l’évènementiel. Soit le client connaît le système et il respecte ces droits, soit quand on sait que les photos vont rester en interne, on est moins regardant. Les seules photos « libres de droit » que j’aie sont des photos personnelles, photos de famille, que je mets sur un support pour que les gens puissent les garder. Je leur donne le droit de les mettre sur Facebook, ou de les tirer. J’ai aussi procédé de la même façon avec le projet « Travailleurs du XXIème siècle », les gens peuvent réutiliser mes photos, mais uniquement dans un cadre personnel. Je veux que mes images vivent mais je ne veux pas que des personnes réutilisent des photos à des fins commerciales.
Est-ce un coût matériel important pour vous (déplacement, appareils photos, temps passé) ?
Je veux vivre de la photo donc il faut bien que je vende. Je vends ma prestation et ensuite je touche mes droits, ce qu’on voit bien sur la facture. J’ai eu des droits sur chaque projet que j’ai fait même si souvent ils sont intégrés dans la prestation. Par exemple chez Renault j’ai fait un événement 18h-00h sur les champs Elysées, c’était 800 euros, droits compris, 5 ans, tous supports saufs commerciaux, et on n’a pas le choix. Le client sait qu’on a besoin de lui, mais d’un autre côté le travail est gratifiant. Par exemple, chez Louboutin on m’a rappelé pour le renouvellement des droits. Je tiens à ces droits puisqu’ils représentent le seul moyen pour moi de toucher les AGESSA (N.B : couverture sociale des photographes). Les professionnels connaissent ce coût et en général il n’y a aucun problème. S’il y a des ventes de tirage en plus, les droits vont s’appliquer, accompagnés d’un certificat d’authenticité. Je n’ai pas eu ce cas sur mes créations encore.
Comme beaucoup de professionnels vous avez un site internet pour faire connaître votre travail. Est-ce difficile pour vous de diffuser vos œuvres parce que vous auriez peur du plagiat, par exemple ?
J’ai 2 sites. Si mes photos sont plagiées, comme je dis à mes élèves, c’est une sorte de reconnaissance (rires). Mais bien évidemment que ça n’est pas normal d’utiliser mon travail. Mais bon pour en arriver là… J’ai eu un seul petit souci en 5 ans, j’avais fait des photos pour un événement communal dans une piscine et les personnes qui ont publié les photos ont refusé de mettre mon nom malgré ma demande, ils ont carrément préféré supprimer la photo. C’est déplaisant parce qu’on sent la volonté de nuire. C’est comme la fameuse mention « DR » (N.B : Droits Réservés), c’est un peu un moyen détourné de ne pas demander à l’auteur l’autorisation de publication. On garde de l’argent de côté « au cas où » il y aurait une réclamation. J’ai quand même de la chance car l’industrie qui concerne mon principal champ de travail n’est pas un domaine où l’on retrouve beaucoup de plagiat. Mais pour « Travailleurs du XXIème siècle » oui je me retrouve confronté à beaucoup de questions. Je comptais voir l’ADAGP, (N.B : association des droits d’auteur dans les arts graphiques et plastiques) pour voir comment protéger l’assemblage de mes couleurs etc. Comme je vous ai dit internet me permet de montrer à des gens qui auraient entendu mon nom de confirmer la qualité de mon travail pour les encourager à me contacter, c’est un outil de travail indispensable malgré les risques.
Vous avez entre autres travaillé avec l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris, ces établissements tous comme les prisons sont autorisés par la loi à copier des œuvres pour l’usage de leurs pensionnaires, pensez-vous que cela soit justifié ?
Ah bon ? Je ne savais pas. J’ai du mal à comprendre ces exceptions, il y a un minimum je trouve à demander à la personne, au moins l’informer même si aucun financement n’est attribué comme ça a été le cas pour moi avec l’AP-HP. Pour moi l’exception de formation est plus justifiée, il faut bien montrer aux élèves le travail d’autres photographes pour qu’ils connaissent les techniques. Le problème ça n’est pas le fait de ne pas vouloir montrer mes photos, c’est surtout le fait de ne pas pouvoir toucher de l’argent qui me permette de vivre et de continuer à créer.
III. Problèmes à envisager
Je sais que prendre la Tour Eiffel en photo le jour n’est pas un problème parce qu’elle fait partie des exceptions de bâtiment en droit d’auteur. Cependant, le photographe professionnel qui prendrait la Tour Eiffel en photo de nuit pourra se voir opposé la copie de l’éclairage qui illumine la Tour Eiffel. En effet, l’éclairage est considéré comme une œuvre de construction architecturale, le photographe devrait donc théoriquement payer des droits à l’architecte. Pensez-vous que cela soit un véritable casse-tête pour les photographes ?
Non, je ne pense pas que ce soit compliqué. En tant que photographe et surtout à Paris, on l’a toujours en tête. N’importe quelle chose dans Paris, décors, gens on se pose toujours la question. C’est vrai qu’à l’école la base légale est assez peu enseignée. Que ça soit pour calculer nos droits à la retraite, les problèmes fiscaux très compliqués auxquels nous sommes confrontés ; ou comme la question le souligne, les droits d’auteur. C’est grâce à ma première expérience au studio régie « Le petit oiseau va sortir » que j’ai appris par exemple qu’un meuble designé nécessitait de demander l’accord et éventuellement les tarifs du designer pour utiliser sa chaise. On développe des subterfuges souvent, pour ça, on cache un pied de chaise, on met des draps…
Vous effectuez notamment des portraits, quelle est la procédure juridique à suivre quand on veut réaliser le portrait de quelqu’un ?
Il faut demander des cessions de droits à l’image, ça par contre on insiste vraiment là-dessus à l’école. Il y a des papiers à faire, on fait une demande de pré-autorisation, la forme est assez libre. Je vous montrerais un modèle que j’ai. Eventuellement si la personne demande des droits, une contrepartie est possible. Surtout si on va revendre les clichés ensuite. Par exemple, j’ai promis environ 5% à chaque modèle photographié à l’AP-HP sur les reventes sur un maximum de 75 euros de mémoire.
Quel est votre avis sur les Creative Commons (photos libres de droit) ?
C’est une question assez… étrange. En général, le photographe réalise la meilleure version de la photo. La photo est faite « au mieux » selon son opinion. Le fait que quelqu’un puisse réutiliser cette photo, la retoucher pour en faire une autre « encore mieux » ne me paraît pas justifié. C’est évident que la critique est éminemment importante parce qu’elle nous permet de nous améliorer. Par exemple, quelqu’un peut me dire « tes photos sont très bien, mais pourquoi isoler les travailleurs dans le noir ? » J’accepte volontiers la remise en question mais personne n’est aussi bien placé que l’œil du photographe pour juger si la photo serait mieux d’une autre façon. C’est trop facile, on est passé de je commande une image à quelqu’un avec je fais ce que je veux des images des autres et le numérique a encore plus poussé les gens à aller vers cette facilité, pour des questions d’argent encore.
La photographie est un véritable art, pensez-vous aujourd’hui que l’auteur de cet art soit suffisamment rémunéré par les droits d’auteur ?
C’est vraiment très difficile à évaluer car il y a une disparité entre les différents domaines de la photographie. L’UPP possède des grilles que nous pouvons utiliser. Clairement les droits d’auteur ne permettent pas de vivre. Mais nous n’avons encore une fois, pas le choix. Pour des photos exposées à New-York sur la 5ème avenue pendant 6 mois on m’a proposé 400 euros… Pour une telle visibilité c’est vraiment ridicule. J’avoue que je ne me suis jamais demandé si les droits d’auteur stimulaient ma créativité. Par exemple, pour les vitrines du bon marché la côte des 10 vitrines était de 800 euros, 2 jours de travail… C’est parce qu’il y a le salaire à la journée et les frais techniques qu’on peut espérer vivre. Le problème c’est qu’on va avoir des droits d’auteur qui sont disproportionnés par rapport à la capacité réelle des clients à rémunérer notre travail et la notoriété qu’ils peuvent retirer de l’œuvre. Bien sûr, le client va proposer une rémunération plus importante du salaire, mais les droits d’auteur devraient inciter le photographe à créer artistiquement de nouvelles choses. D’un autre côté, l’innovation est devenue très compliquée avec la présence des directeurs artistiques qui dirigent notre travail, mais de l’autre il arrive que le directeur artistique ait des exigences moins importantes et la part de créativité est alors beaucoup plus importante. Toujours est-il qu’un photographe qui ne serait qu’artiste sans faire de l’alimentaire par exemple, avec uniquement de l’expo et de la vente de tirage ne pourrait pas vivre avec les droits d’auteur…
Quels types de problèmes peut-on rencontre avec les droits d’auteur aujourd’hui quand on est photographe ?
L’idée. Je pense que le fait qu’on ne puisse pas protéger une idée soit vraiment un problème. Par exemple mes photos pour Travailleurs du XXIème siècle sont un projet sur lequel j’ai vraiment beaucoup travaillé et qui m’a permis de me créer un style de photo, mon style se rapproche de celui de Sanders, ma palette de couleurs a aussi été travaillée, et finalement on voit les travailleurs mis en valeur, et cette idée je ne peux pas la protéger, il va falloir démontrer le caractère inédit de mes photos et ça n’est pas simple.
Un autre problème c’est peut-être aussi qu’il faut savoir s’imposer. Les contrats de cession de droit font parfois jusqu’à 2 pages, et les conditions sont parfois abusives, je ne pouvais même pas utiliser les images pour mon usage personnel, j’ai dû rediscuter la clause.
Pensez-vous que la créativité nécessaire à la vie artistique soit suffisamment valorisée par le droit ?
Je pense que cela dépend vraiment du poste qu’on occupe en tant que photographe. Comme je vous ai dit les droits d’auteur ne valorisent pas ma créativité en eux-mêmes. C’est vraiment le salaire qu’on nous verse qui est un moteur. Je suis conscient que la protection française du droit d’auteur nous aide mais il y a une immense différence entre être photographe pour la communication de d’une société et être photographe artiste parce qu’on veut être indépendant et photographier des choses qui nous paraissent vraiment belles. D’autant plus qu’il y a clairement une différence entre être un photographe industriel et travailler dans la communication, par exemple. La photographie que je fais pour du E-commerce c’est du travail à la chaîne, il n’y a plus de création, on prend clac clac, et voilà. Ça arrive, parfois qu’on trouve une idée qui permette d’améliorer la photo, comme une lumière par exemple, mais on n’en est pas pour autant reconnu ou remercié pour notre créativité. D’ailleurs dans la photographie industrielle, théoriquement il n’y a pas de droits d’auteur puisqu’on répond simplement à une demande.
IV. Améliorations ?
La loi concernant les droits d’auteur, les droits à l’image est-elle suffisamment claire pour les professionnels qui doivent l’appliquer au quotidien ?
Pour être honnête, selon moi c’est surtout un problème surtout de sensibilisation et puis de temps. Pendant le CAP on apprend les fondamentaux de la photographie, on apprend les bases qui vont construire le photographe mais on occulte beaucoup d’autres aspects qui sont essentiels à la vie professionnelle et les droits en font partie. Je pense que c’est encore différent dans les écoles de photographie. Mais aujourd’hui c’est vraiment essentiel de connaître aussi un minimum de bases juridiques. Avant, la manière de faire, faisait qu’on pouvait prendre des gens comme ça dans la rue, sans risquer le procès (rires). Aujourd’hui, on voit bien avec la jurisprudence fait que la photo de rue est quasiment impossible. Par exemple quand on prend une foule il ne faut pas d’élément distinctif qui nous permette de reconnaître une personne. C’est pour ça que pas mal d’analystes de la photo font remarquer que la photo de rue est devenue inintéressante puisqu’on se retrouve avec un paquet de photos où les gens sont de dos, ou dans l’ombre. C’est une perte sociologique aussi puisqu’on ne voit plus comment les gens s’habillent, on ne connaît plus leur quotidien. Pour certaines choses précises, on a quand même su garder raison (rires). J’ai lu une histoire d’un gars qui ne voulait pas qu’un photographe prenne des photos de volcans en Auvergne parce que les volcans se trouvaient sur son terrain. Enfin voilà, il faut garder une certaine raison. Quand des personnes réclament automatiquement des droits à l’image, il y a un problème. La photo reste quand même l’œuvre du photographe, il ne se fait pas de l’argent à cause de l’objet mais parce qu’il a su mettre l’objet en valeur.
Avez-vous une idée qui pourrait juridiquement améliorer la protection des œuvres du photographe ? Un salaire minimum des photographes par exemple ?
Un salaire minimum ? Non. Quelqu’un qui a du talent sera connu quoiqu’il arrive. Le plus difficile c’est la démarche client, ça n’est pas quelque chose que l’on apprend à l’école et pourtant ce détail peut permettre rapidement à quelqu’un d’acquérir de la notoriété. Non je ne pense pas que ça soit à l’Etat d’intervenir dans le domaine de l’art, autrement on tombe en dictature comme l’Histoire nous le démontre : toi je te prends, toi tu ne me plais pas je n’aime pas ton art parce qu’il est trop subversif alors je ne te verse pas de salaire. Non globalement les droits d’auteur sont un bon compromis. Ce qui est plus compliqué c’est sans doute le contrôle de l’utilisation et de la réutilisation des images qui est extrêmement compliqué. Dans mon cas, j’ai cédé mes droits à une société mais lorsque la cession de ces droits sera épuisée, Il faudrait faire le tour des magasins pour vérifier qu’elles ne sont plus utilisées. En général, c’est surtout parce que les photographes vont rencontrer leurs clients assez souvent que l’on se rend compte qu’il y a eu une utilisation frauduleuse. C’est du pur hasard. C’est surtout la formation qui peut remédier aux lacunes d’information.
Est-ce que le jeu en vaut la chandelle alors ?
C’est sûr que je vis de ma passion parce que j’ai accepté un niveau de vie qui me convient, que je suis prof aussi et que ma femme a un salaire fixe. Mais qui aujourd’hui peut se targuer de faire un boulot qui le passionne ? J’aime ce que je fais ! Bien sûr, on se bat tous les jours pour avoir du boulot, pour le côté administratif, parce qu’on doit souvent mettre un mouchoir sur sa fierté, mais je me fais plaisir à chaque fois que je travaille parce que c’est un travail profondément relié aux émotions humaines.
Merci Laurent pour cette interview, je peux prendre une photo ?
Oui (rires).