Bonsoir, voici les brèves de cette semaine. Très bonne lecture à tous !
Meurtre de Samuel Paty, la relance du débat de l’anonymat sur les réseaux sociaux
Ce lundi 19 octobre 2020, le tribunal judiciaire de Paris a ordonné une médiation entre Twitter et plusieurs associations, dont SOS Racisme. Le hasard a voulu que l’audience se tienne trois jours après le tragique assassinat de Samuel Paty, enseignant d’histoire-géographie, tué à la suite d’une hostile campagne en ligne dénonçant la présentation de caricatures de Mahomet lors d’un cours d’éducation civique.
En réaction, de nombreuses figures politiques pointent du doigt l’anonymat sur les réseaux sociaux. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, affirme que « Les choses ont démarré sur les réseaux sociaux et se sont terminées sur les réseaux sociaux ». La ministre déléguée à la citoyenneté a d’ailleurs convoqué, mardi 20 octobre, les patrons des branches françaises des principaux réseaux sociaux.
Le meurtre de l’enseignant relance l’abondant débat de l’anonymat sur internet. Gérald Darmanin regrette, à l’antenne d’Europe 1, la censure par le Conseil constitutionnel d’une majeure partie de la proposition de loi contre les contenus haineux sur internet. Selon lui, cette proposition portée par la député Laetitia Avia, aurait permis de poursuivre les auteurs des vidéos appelant à la mobilisation contre l’enseignant.
Seulement, de nombreux médias soutiennent que la notion-même d’anonymat en ligne n’existerait pas. En effet, concernant les actes de barbarie commis vendredi, le journal Numerama rappelle que l’une des vidéos a été publiée sur la page Facebook de la mosquée de Pantin comptant 96 000 abonnés. Les commentaires de cette publication aux 64 000 « likes » contenaient le nom de l’enseignant et l’adresse de son école. Partagée par une entité religieuse identifiée, le journal Le Monde constate que « dans ce dossier, tous les acteurs ayant publié des vidéos étaient pourtant à visage découvert, et sous leur véritable identité ». Numerama rappelle d’ailleurs que, depuis 2004, la loi pour la confiance dans l’économie numérique permet l’identification des internautes publiant des contenus illégaux. L’internaute ne serait alors quasiment jamais anonyme car son fournisseur d’accès internet dispose d’information sur lui, son adresse IP lui associe une signature en ligne permettant de l’identifier, et, les réseaux demandent de plus en plus de gages d’identifications (comme nos numéros de téléphone ou un système de double authentification).
Dès lors, ce sont les moyens accordés à la justice qui sont mis en cause. En effet, le journal Médiapart révèle que le terroriste qui a assassiné Samuel Paty avait affiché des signes de radicalisation sur Twitter et a déjà été signalé sur la plateforme Pharos. Cette plateforme, créée en 2009, a reçu, en 2019, 228 000 signalements dont 6 500 sont des contenus terroristes. Pour autant, NextInpact révèle qu’en mai 2020, il y avait seulement 28 policiers et gendarmes spécialistes chargés de la cybercriminalité. Ces médias pointent donc le décalage entre la quantité de contenus vérifiés et le nombre de personnes chargées de le faire. En réaction, le ministère de l’Intérieur a communiqué, le dimanche 18 octobre, qu’il avait identifié « 80 messages qui soutiennent l’action de l’agresseur de Samuel Paty » et que des procédures vont être mises en place. Le journal Numerara constate donc, en rappelant le budget alloué à la justice, qu’il est possible d’agir à condition de s’en donner la priorité.
Ainsi, entre inscriptions de barrières efficaces dans le droit, respect des libertés fondamentales, moyens alloués à la justice et responsabilisation des internautes et des réseaux sociaux, le glas de cet enjeu nouveau est loin d’être sonné.
Sources :
- https://www.numerama.com/politique/659023-anonymat-ligne-justice.html
- https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/10/19/attentat-de-conflans-les-reseaux-sociaux-pointes-du-doigt_6056592_4408996.html
- https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/enseignant-decapite-dans-les-yvelines/attentat-dans-les-yvelines-une-affaire-nee-sur-les-reseaux-sociaux_4145859.html
Le Conseil de l’union européenne sanctionne la Russie pour le piratage du Deutscher Butenstag en 2015
La préservation de notre donnée personnelle est l’un des enjeux majeurs de notre époque, cependant personne n’est à l’abri d’un piratage comme l’a notamment montré le piratage qu’a subi en avril et mai 2015 le Parlement fédéral Allemand : le Bundestag.
En effet en mai et avril 2015 le Bundestag fait l’objet d’une cyberattaque. Celle-ci débute le 30 avril 2015 par le biais de mails ressemblant à ceux des Nations unies envoyées simultanément à plusieurs députés du Bundestag, les hackers parviennent grâce à ceux-ci à s’infiltrer sur le réseau du Bundestag soit sur ses plus de 5600 ordinateurs et ses environs 12000 utilisateurs. Ce n’est que le 20 mai 2015 que la cyberattaque prend fin mais pas de moins de 16 giga-octets de données auraient alors déjà été piratées comprenant des dizaines de milliers de courriels envoyés par des députés. Après une longue enquête pour identifier les coupables l’Allemagne émet en mai 2020 un mandat international contre hacker russe Dimitri Sergeyevich Badin suspecté alors de travaillé pour le service de renseignement militaire Russe GRU.
Le jeudi 22 octobre 2020 le Conseil de l’Union européenne dans sa décision 2020/1537 prend des mesures restrictives à l’encontre Dmitry Sergeyevich Badin et Igor Olegovitch kostyukov (l’actuel chef de la GRU) considéré comme étant responsables notamment de la cyberattaque contre le Parlement fédéral allemand ainsi que la GRU. La décision affirme que « La cyberattaque contre le Parlement fédéral allemand a visé le système d’information du Parlement et a affecté son fonctionnement pendant plusieurs jours » et qu’une « quantité importante de données a été volée et des comptes de courriel de plusieurs députés ainsi que de la chancelière Angela Merkel ont été touchés ».
Ainsi par cette décision les deux protagonistes visées par cette dernière ainsi que la GRU sont considérées comme « responsable » ou « impliqués dans des cyberattaques ayant un effet significatif qui constituent une menace extérieure pour l’Union ou ses États membres » Aujourd’hui il est notamment interdit à ces derniers de voyager sur le territoire de l’Union européenne tout comme il est interdit pour tout citoyen et entreprise de l’Union européenne d’effectuer des transactions avec ces derniers.
Sources :
- https://www.sueddeutsche.de/politik/hack-bundestag-angriff-russland-1.4891668
- https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/05/07/piratage-du-bundestag-en-2015-l-allemagne-lance-un-mandat-d-arret-contre-un-hackeur-russe_6038975_4408996.html
- https://www.zdnet.fr/actualites/l-ue-sanctionne-la-russie-pour-le-piratage-du-parlement-allemand-en-2015-39911869.htm
- https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX%3A32020D1537&qid=1603455710093
- https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=uriserv%3AOJ.LI.2019.129.01.0013.01.ENG&toc=OJ%3AL%3A2019%3A129I%3ATOC
Les Etats-Unis poursuivent Google pour abus de position dominante sur les moteurs de recherche
Mardi 20 octobre 2020, le ministère américain de la Justice, ainsi que onze états fédéraux, ont déposé plainte contre Google, en raison d’un non-respect de la loi « antitrust » américaine. Ce sont ici des pratiques déloyales qui sont reprochées au géant du numérique, pour avoir un monopole sur les moteurs de recherches, et également sur les publicités liées aux recherches.
Il convient de rappeler l’importance des moteurs de recherches, qui sont utilisés de manière massive, surtout en ces temps où la dématérialisation est plus que jamais d’actualité.
Aujourd’hui, Google détient presque la totalité des recherches mondiales, or cette omniprésence laisse très peu de place aux concurrents, tels que Qwant ou encore Ecosia, pour se développer. Ce constat apparaît nettement dans le domaine des smartphones. Google est en effet installé par défaut dans la majorité des smartphones Android, et plus alarmant, ne peut se désinstaller. Les autorités américaines dénoncent ce monopole issu de pratiques non-concurrentielle, souvent liées à des arrangements économiques avec les constructeurs. Appel ne déroge pas à la règle en mettant Google comme moteur de recherche par défaut sur le navigateur Safari.
Ces accords d’exclusivité sont critiqués par la justice américaine. Avec cette action de grande ampleur, le résultat principal attendu serait des modifications structurelles, avec cette idée de démantèlement.
Mais Google ne tarde pas à contre-attaquer ces accusations. Par le biais de son site The Keyword, Kent Walker, vice-président des affaires mondiales et directeur juridique de Google, répond en qualifiant cette justice comme étant « profondément vicié ». Il ajoute par ailleurs que « Les gens utilisent Google par ce qu’ils le veulent, pas parce qu’ils y sont contraints ou parce qu’ils ne trouvent pas d’alternative ». En outre, la firme fait comprendre qu’une action judiciaire condamnant Google n’a aucun avantage pour le consommateur, bien au contraire.
Toutefois, cette réponse de la part de Google reste peu convaincante. Effectivement, l’usage de Google semble surtout liée à une question d’habitude, voire d’automatisme, justement parce que c’est la référence depuis des années. Si une diversité de moteurs de recherches se développaient de manière visible, les utilisateurs pourraient être amenés à s’intéresser à ces nouvelles offres, qui pourraient mieux leur correspondre, notamment d’un point de vue éthique.
Cette action du gouvernement américain pourra donner lieu à d’autres actions du même type à l’encontre d’autres géants numériques tels que Facebook, Apple ou encore Spotify.
Sources :
- https://www.numerama.com/tech/659757-les-etats-unis-attaquent-le-monopole-de-google-sur-les-moteurs-de-recherche.html
- https://www.blogdumoderateur.com/usa-google-antitrust-proces-big-tech/
- https://www.20minutes.fr/economie/2890011-20201021-abus-position-dominante-justice-americaine-lance-poursuites-contre-google
- https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/l-antitrust-americain-poursuit-google-pour-abus-de-position-dominante-du-jamais-vu-depuis-20-ans-860294.html
Irlande : Instagram visé par une enquête sur le traitement des données des mineurs
Ce lundi 19 octobre 2020, l’autorité de protection des données irlandaises, la Data Protection Commission (équivalent de la CNIL en France), a lancé une enquête sur le traitement des données personnelles des mineurs sur le réseau social Instagram.
En effet, Instagram est visé par une enquête dont le point de départ est la révélation par la BBC d’un rapport en 2019 du data scientist David Stier, qui après avoir analysé le profil de 200 000 personnes au cours d’une étude, a conclu qu’il était possible pour les mineurs qui utilisent le réseau social de modifier leur compte personnel en un compte professionnel. Le problème est que pour se faire, il faut rendre public certaines informations personnelles telles que le numéro de téléphone ou encore l’adresse e-mail.
David Stier a contacté le groupe Facebook auquel appartient le réseau social, et Mark Zuckerberg aurait affirmé que « l’affichage de ces coordonnées à la vue de tous dans l’application était une caractéristique qu’il n’avait pas l’intention de changer – que les numéros de téléphone et les adresses électroniques personnelles des enfants soient visibles ou non ». David Stier dénonce une absence de réaction volontaire de la part de l’entreprise à l’égard du problème.
L’enquête aura pour but de dire si la base légale dont dispose Facebook est suffisante pour gérer et protéger les données des mineurs sur Instagram, et si les mesures de protection apportées sont en l’état actuel suffisantes. Pour cela, la DPC va se fonder sur le Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD), qui si il devait être violé, ferait encourir au groupe une amende de plusieurs dizaine de millions d’euros.
Le commissaire adjoint pour la DPC a notamment déclaré que « La DPC a suivi activement les plaintes reçues de particuliers dans ce domaine et a identifié des problèmes potentiels liés au traitement des données personnelles des enfants sur Instagram qui nécessitent un examen plus approfondi ».
Le groupe Facebook via son porte parole s’est défendu en déclarant que les gens sont informés, lorsqu’ils choisissent de créer un compte professionnel sur Instagram, que les informations de contact qu’ils partagent sont affichées publiquement, et que cela est différent d’une exposition des informations d’autrui. L’entreprise affirme aussi que «depuis l’époque de la mauvaise qualification de M.Stier en 2019, les gens peuvent maintenant choisir de ne pas inclure leurs coordonnées ».
Sources :
- https://siecledigital.fr/2020/10/20/enquete-instagram-mineurs-irlande/
- https://pixabay.com/fr/photos/personnes-femme-jeune-fille-2570925/ (image)