Bonjour à toutes et tous,
Les brèves du 20 au 26 mars 2023 sont désormais disponibles.
Nous remercions Héléna KICHENIN pour sa contribution !
En vous souhaitant une bonne lecture et une bonne semaine,
Le Collectif
« CupidBot » : La nouvelle intelligence artificielle qui promet de draguer et d’obtenir un rendez-vous à la place des utilisateurs
De nos jours, les chatbots révolutionnent l’expérience client en nous dispensant des conseils de santé, en s’occupant des services après-vente ou encore en nous accompagnant émotionnellement. Précisément, ces agents conversationnels permettent une véritable conversation instantanée depuis un site web ou une application de messagerie instantanée, en délivrant des services ou informations adaptés aux demandes de l’utilisateur, en utilisant l’intelligence artificielle et notamment le machine learning.
Récemment, d’anciens employés du géant Tinder, souhaitant rester anonymes, ont créé, en utilisant une version de GPT-4, un bot nommé CupidBot, qui pour l’instant est toujours en version bêta-test depuis février 2023.
Les fondateurs de CupidBot expliquent se concentrer, pour le moment, que sur « la vie amoureuse des hommes hétérosexuels, car ce sont eux qui souffrent le plus des applications de rencontre. Il faut énormément de temps à l’homme moyen pour trouver ne serait-ce qu’un rendez-vous par mois ». « Notre objectif [est de] forcer les applications de rencontres à réévaluer leur mode de fonctionnement et de faciliter le processus de rencontre pour certaines personnes en attendant ». En ce sens, la société CupidBot promet, pour un tarif de 15 dollars par mois, de « discuter à votre place » avec des femmes sur vos applications de rencontre en apportant « plusieurs rendez-vous par semaine » afin de passer directement « à la partie la plus intéressante ».
En premier lieu, les utilisateurs devront expliquer au bot le rendez-vous de leurs rêves ; puis CupidBot prendra ensuite le relais. Partant, CupidBot, sélectionnera les utilisateurs qui correspondent aux attentes de l’utilisateur ayant sollicité le bot. Ainsi, en utilisant l’apprentissage par transfert avec MobileNetV3 et en se basant sur tous les comportements et préférences de swiping, CupidBot promet de trouver le « type » d’utilisateur correspondant.
Par ailleurs, l’utilisateur de CupidBot pourra choisir l’un des sept tons proposés par la société pour converser, tels qu’un ton direct, gentil, nonchalant, humoristique, agressif, riche, ouvert d’esprit.
Si le bot réussit à obtenir un rendez-vous et un numéro de téléphone, ces coordonnées et les détails de la conversation seront envoyés par SMS à l’utilisateur de CupidBot et la date de rendez-vous sera même choisie et ajoutée au calendrier Google ou Apple par le bot.
Toutefois, un véritable problème de transparence et d’éthique se présente concernant CupidBot : à aucun moment la femme n’est au courant qu’elle converse avec un bot. Sur ce point-là, les fondateurs se défendent en indiquant que si « ce bot ne se dévoile pas », « nous conseillons vivement à nos utilisateurs de le dire aux femmes une fois qu’ils ont obtenu leurs coordonnées ».
Avec le développement de l’intelligence artificielle, une régulation doit et va s’imposer. On a en ce sens diverses propositions de réglementation, comme le rapport des experts de haut niveau pour une IA de confiance (8 avril 2019), une déclaration européenne sur les droits et principes numériques pour la décennie numérique (26 janvier 2022) ou encore une proposition de règlement IA Act (21 avril 2021) … qui prévoient toutes une obligation de transparence de l’intelligence artificielle envers les utilisateurs. En effet, les utilisateurs doivent avoir confiance en l’intelligence artificielle pour qu’elle soit véritablement acceptée et utilisée.
Suite à l’annonce du projet CupidBot, l’application de rencontre Tinder a souhaité réagir en insistant qu’elle n’était en aucun cas affiliée à Cupidbot et qu’elle n’a observé « aucune preuve que des membres utilisent CupidBot sur Tinder ».
Si CupidBot prévoirait pour l’instant d’être compatible avec les applications de rencontre Tinder, Bumble et Hinge ; il est clair que le manque de transparence de ce bot posera des difficultés à CupidBot…
Héléna KICHENIN
Sources :
https://www.webqam.fr/blog/chatbot-definition-intelligence-artificielle/
https://cupidbot.ai/products/first-3-months
JO 2024 : l’Assemblée nationale adopte la vidéosurveillance algorithmique
Dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP), qui se tiendront du 24 juillet au 8 septembre 2024 à Paris et dans d’autres villes de France, un projet de loi a été présenté afin de mettre en place des dérogations aux règles normales et certaines expérimentations, qui seraient liées notamment à la sécurité du pays. Après une adoption en conseil des ministres le 22 décembre dernier, le texte du projet de loi a été approuvé par le Sénat le 31 janvier et a levé un obstacle législatif le 8 mars après le vote en commission.
C’est ce jeudi 23 mars que les députés de l’Assemblée nationale ont adopté l’article 7 du projet relatif à l’utilisation de la vidéosurveillance par des caméras augmentées. Le résultat est sans appel : alors que seulement 73 députés sur 577 étaient présents, on décompte 59 voix pour et 14 contre. Cette adoption marque ainsi l’entrée formelle de la vidéosurveillance algorithmique (appelée aussi VSA) dans le droit français. La VSA sera alors utilisée dès la promulgation de la loi, à partir de la Coupe du monde de Rugby en automne 2023, et ce jusqu’en décembre 2024 après la fin des jeux olympiques. En effet, l’usage de cette intelligence artificielle ne se limiterait pas qu’aux jeux olympiques puisqu’il servirait également à des fins sportives, récréatives mais aussi culturelles.
À quoi sert la VSA et à quelles fins est-elle utilisée ?
La VSA exploite des technologies d’intelligence artificielle dans un but simple : surveiller les comportements des individus. Ce dispositif aurait pour fonction de détecter un « comportement anormal » aux abords et dans les enceintes sportives. Cette notion étant assez floue, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a expliqué qu’il ne s’agirait pas de « reconnaître des personnes qui auraient tel ou tel profil, ou des sweats à capuche, mais des situations prédéterminées, comme des départs de feu, des goulots d’étranglement, des colis abandonnés ou des mouvements de foule ». Dans un contexte où la menace terroriste reste encore présente, cet outil représenterait une « aide à la décision des forces de l’ordre » afin d’empêcher toute atteinte à la sécurité des personnes.
Face à la mise en place future de cette nouvelle disposition dite “expérimentale” et “temporaire”, des inquiétudes quant au respect de la vie privée commencent à émerger. Bien que la reconnaissance faciale, plus largement la surveillance biométrique, serait absente de ce dispositif, tel que l’a affirmé le ministre de l’Intérieur, la VSA est néanmoins capable de livrer une description suffisamment détaillée de l’individu douteux pour permettre aux agents de le repérer sur place. C’est ce que critiquent les organisations internationales qui déplorent la première légalisation de cette technologie en Europe. Selon l’association La Quadrature du net, la technologie relève bien de la biométrie, du fait qu’elle « identifie, analyse, classe en permanence les corps, les attributs physiques, les gestes, les silhouettes, les démarches ». Amnesty International craint également l’usage abusif de cette vidéosurveillance, et de surcroît, la violation des droits de l’Homme.
Une déclaration de l’organisme de contrôle, la Commission nationale de l’Informatique et des libertés (CNIL), qui s’était déjà penché sur le sujet de l’encadrement des caméras augmentées, est donc ici attendu.
Par ailleurs, l’adoption de cette disposition intervient avant même la promulgation du règlement européen sur l’utilisation de l’intelligence artificielle, qui devrait voir le jour au mois d’avril 2023. Cette nouvelle disposition risquerait ainsi d’entrer en conflit avec la loi européenne, la majorité des États-membres étant contre la surveillance biométrique de masse.
Louise FOUQUET-CRISTOFINI
Sources :
https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-chatgpt-s-empare-de-la-navigation-web-89944.html
U.S. Copyright Office : certaines œuvres assistées par l’IA peuvent être protégées par le droit d’auteur
Du Japon aux Etats-Unis, l’intelligence artificielle (IA) interpelle les juristes quant à la potentielle protection par le droit d’auteur des œuvres générées par elle.
Le 23 février 2023, l’United States Copyright Office (USCO) a affirmé que la bande dessinée « Zarya of the Dawn » ne pouvait être protégée par le droit d’auteur, puisqu’elle est le fruit de la création du système d’IA Midjourney. Restait en suspens la question suivante : la situation aurait-elle été différente en cas d’intervention humaine ? A cet égard, l’IA serait-il un simple outil, une assistance à l’œuvre humaine ?
Le 16 mars 2023, l’USCO a clarifié sa position dans son guide « Copyright registration guidance : works containing material generated by artificial intelligence ».
« Dans le cas d’œuvres contenant du matériel généré par IA, l’office examinera si les contributions de l’IA sont le résultat d’une « reproduction mécanique » ou d’une « conception mentale originale » de l’auteur, à laquelle il a donné une forme visible », explique l’USCO.
Ainsi, le Bureau distingue les œuvres en fonction de la manière dont l’IA a été utilisée pour créer l’œuvre finale ainsi que des circonstances qui l’entourent :
- Les œuvres qui sont le résultat d’une reproduction mécanique : il est bel et bien établi que les œuvres qui sont exclusivement générées par l’IA (ChatGPT, Midjourney, DALL-E) ne peuvent pas être protégées par le droit d’auteur,
- Les œuvres qui reflètent la propre conception mentale : les œuvres combinant création humaine et IA peuvent justifier une revendication de droit d’auteur.
En procédant de la sorte, le Bureau confirme que l’IA ne peut être qualifiée d’auteur, mais admet qu’il ne faut pas considérer l’œuvre comme un tout mais prendre en compte toute intervention de la main de l’Homme. En tout état de cause, l’USCO exige une paternité humaine de l’œuvre.
Par ailleurs, le Bureau rappelle que les demandes de protection par le droit d’auteur doivent spécifier que le travail contient du matériel créé par l’IA si tel est le cas.
Ninon VANDEKERCKHOVE
Sources :
USCO, Copyright registration guidance : works containing material generated by artificial intelligence, 16 mars 2023
La France interdit l’utilisation d’applications sur les téléphones des fonctionnaires
La semaine dernière, nous avons pu constater que le Royaume-Uni avait décidé d’interdire le réseau social chinois Tiktok sur les appareils gouvernementaux.
Ce vendredi 24 mars, c’est au tour du gouvernement français d’interdire l’installation et l’utilisation d’applications “récréatives” sur les téléphones professionnels des agents de la fonction publique d’Etat. Plus de 2,5 millions de personnes sont concernées par cette mesure.
Trois grandes catégories sont concernées : les applications “récréatives”, de “gaming”, et de “streaming” (Netflix). Les applications “récréatives” visées par le gouvernement français sont principalement Tiktok, Instagram et Twitter. Selon le communiqué du ministère de la Fonction publique, elles ne “présentent pas les niveaux de cybersécurité et de protection des données suffisants.” Il est ajouté qu’elles peuvent “constituer un risque sur la protection des données de ces administrations et de leurs agents publics.”
Si un fonctionnaire souhaite utiliser une des applications bannies à des fins de communication institutionnelle, il devra demander une dérogation auprès de la directive numérique de son ministère.
En effet, la France n’est pas le premier pays à avoir adopté de telles mesures pour ses fonctionnaires. En plus du Royaume-Uni, le Canada (début mars 2023), les Etats-Unis (décembre 2022), et même la Commission (fin février 2023) et le Parlement européen (début mars 2023) ont décidé d’interdire Tiktok à leur personnel.
Comme les autres institutions et gouvernements occidentaux ayant déjà interdit ou limité l’utilisation de Tiktok à leur personnel, la France s’inquiète de la possible utilisation de l’application par la Chine à des fins de renseignement.
Une porte-parole du gouvernement chinois a donc voulu assurer que le gouvernement chinois “n’a jamais demandé ni ne demandera à quelconque entreprise ou individu de collecter ou de lui remettre des données provenant de l’étranger, d’une façon qui violerait les lois locales.”
Il ne reste plus qu’à attendre la réaction des autres pays.
De plus, suite à cette annonce, la secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance a expliqué sur Twitter souhaiter étendre l’interdiction d’utiliser Tiktok aux mineurs. Elle ajoute, en reprenant les arguments des sénateurs américains, que les risques sont nombreux pour les enfants en donnant des exemples des dangers auxquels ces derniers peuvent être confrontés : “algorithmes addictifs, incitation à l’automutilation, surexposition aux écrans, contenus inadaptés, risques pour les données personnes, cyber harcèlement, désinformation…”.
Selon vous, devons-nous restreindre l’accès à tous les réseaux sociaux aux mineurs ?
Lili POURHASHEMI
Sources :