Brèves du 22 au 28 février 2021

Bonsoir, voici les brèves de la semaine. Très bonne lecture à tous !

Séparation du duo Daft Punk : la fin d’un groupe précurseur à la popularité mécanique

 

« De 1993 à 2021 ». Le duo Daft Punk, pionnier de la musique électronique, aujourd’hui se sépare. C’est par la vidéo « Epilogue », publiée sur YouTube le 22 février 2021, que le groupe a fait part de cette annonce.

 

 

Nous nous souviendrons de leur avant-gardisme notable : création de véritables shows et futurisme en matière d’appareils électroniques, notamment par l’utilisation accrue d’auto-tune, logiciel leur conférant une voix robotique. Aussi, ce duo aura su entretenir le mystère par sa discrétion à contre sens de la communication actuelle, ses rares prises de paroles, et ses apparitions cachées derrière des casques de robots. Valérie Planchez rapproche le savoir-faire du duo à celui des «vraies marques de luxe, désirables parce que rares et exclusives».

Ce duo mythique aura également su se faire remarquer par son indéniable détermination. En 1996, celui-ci remplissait sa demande d’admission à la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique), en tant qu’auteur-compositeur. Le duo a tenu à conserver ses droits Internet et son droit de synchronisation notamment, sur le fondement de la décision GEMA rendue par la Commission européenne en 1971. En effet, le groupe ne souhaitait confier à la SACEM que la gestion d’une partie de ses droits sur le territoire français et « les territoires SACEM ».

Le duo démontrera son intérêt pour les droits musicaux en 2001 : « Nous avons eu des problèmes avec le RPR ou France 2, qui avaient utilisé notre musique (…) sans nous demander notre avis. Si on avait fait partie de la SACEM, on aurait perdu ces procès, car elle a des accords globaux. Si c’est ça la gestion collective, on n’en veut pas ».

Après une plainte du groupe pour « abus de position dominante » à l’encontre de la SACEM, celui-ci s’y inscrira finalement. C’est ainsi par une décision du 12 août 2002, que la Commission européenne a validé le nouveau dispositif de la société de gestion collective : celle-ci a modifié ses statuts, y introduisant une clause permettant à ses membres de gérer individuellement certains de leurs droits. Enfin, en 2014 le groupe Daft Punk s’inscrira en tête des droits d’auteur, selon la SACEM.

Cependant, le duo se retrouvera au milieu d’une polémique en 2013, accusé de sampling pour son tube Get Lucky. Cette affaire se retrouvera finalement sans suite.

Ainsi, par sa carrière tant admirable que modeste, le duo aux millions de disques vendus aura su, par son clap de fin, toucher les fans et laisser un héritage important au monde musical. Daft Punk finira peut-être, comme certains l’espèrent, par revenir « Harder, Better, Faster, Stronger ».

 

Constance Neveu

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Création par la marque de luxe Chanel d’une nouvelle application « Lipscanner » basée sur l’IA

 

Le 22 février, la célèbre marque de luxe parisienne Chanel a annoncé le lancement de sa nouvelle application de maquillage « Lipscanner » basée sur un algorithme qui reconnait une teinte de rouge à lèvre grâce à l’intelligence artificielle et la réalité augmentée. Afin de mieux répondre aux attentes du commerce en ligne et du consommateur, la marque de cosmétique s’est servie des nouvelles technologies pour développer cette nouvelle stratégie de marketing. L’essayage virtuel pourrait venir compenser la fermeture des magasins en cette période de pandémie et augmenter de facto les ventes en ligne.

Plus précisément, cette application dispose de deux fonctionnalités. D’abord, elle identifie une nuance de rouge à lèvres en scannant une photo prise à partir de la pellicule du smartphone ou directement dans l’application et retrouve ensuite le produit correspondant parmi les 400 références existantes dans la marque (Color Picking). Cela peut se faire à partir d’unvisage ou d’une couleur (un objet, un vêtement, un bijou…). Une fois la référence trouvée, l’application propose au consommateur de tester virtuellement ces différentes teintes et textures de rouge à lèvres grâce à la réalité augmentée (Virtual Try On).

 

Source : chanel.com

Cette nouvelle application basée sur l’IA permet donc un gain de temps considérable pour les utilisateurs. Elle est comparée au concept de l’application Shazam qui identifie le nom et l’auteur d’une musique. La marque de luxe n’est toutefois pas la première à avoir utilisé l’IA pour développer un nouveau produit — cela a également été le cas de L’Oréal avec l’application Perso, cette fois-ci spécialisée dans les soins de la peau.

La création de cette application démontre l’importance des technologies de l’intelligence artificielle qui pourraient ainsi constituer à l’avenir un tremplin pour l’industrie cosmétique dans leurs stratégies de marketing et de vente en ligne.

 

Lise SCHERER

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Contrefaçon d’une pub Naf-Naf : Jeff Koons et le Centre Georges Pompidou condamnés 

 

L’affaire débute en 2014, à Paris, par l’exposition d’une sculpture en porcelaine au Centre Georges Pompidou à l’occasion d’une rétrospective. Seulement, le publicitaire Franck Davidovici, à l’origine du visuel Fait d’hiver réalisé pour la marque de prêt-à-porter Naf-Naf en 1985, s’interroge sur les ressemblances qu’entretient son visuel avec celle de Jeff Koons.

Ce mardi, la cour d’appel de Paris est venue confirmer le jugement de première instance datant de novembre 2018.

Les sanctions requises ont été alourdies par rapport à celles prévues en première instance en vertu de l’article 700 du code de la procédure civile.

D’abord, l’artiste est interdit d’exposer sa sculpture et de la reproduire sur internet sous astreinte de 600 euros par jour à compter du mois suivant la décision.

Ensuite, l’artiste américain, sa société et le Centre ayant accueilli la rétrospective, se retrouvent condamnés solidairement à verser 190.000 euros de dommages et intérêts, contre 135.000 en première instance, au publicitaire. Enfin, la société dont Jeff Koons est le gérant a également été condamnée à payer 14.000 euros pour avoir reproduit la sculpture sur le site internet de l’artiste (contre 11.000 euros en 2018).

Pour sa défense, l’artiste américain avait concédé le fait qu’il s’était inspiré de la publicité mais il soutenait avoir créé une œuvre d’art à part entière, portant l’empreinte de sa personnalité et un message artistique qui lui est propre.

N’ayant pas su convaincre les juges de la cour d’appel, la décision rendue confirme que Franck Davidovici demeure l’auteur original de l’œuvre et que s’il existe bien des différences, les ressemblances sont ici prédominantes.

La cour a également rejeté l’argument de l’exception de parodie et le moyen tiré de la liberté d’expression invoqué par l’artiste. L’avocat du publicitaire, Maître Jean Aittouares, estime que : « Les juges condamnent la démarche de Koons» en «notant qu’il n’a pas présenté cette œuvre comme une œuvre critique, une caricature ou inspirée d’une œuvre préexistante». Ce dernier se réjouit également que cette œuvre publicitaire ait été protégée au même titre que n’importe quelle autre œuvre, sans considération de mérite.

Cet artiste américain, un des plus cotés de son vivant, qualifiant certaines de ces démarches comme de l’appropriation, n’en est pas à son premier démêlé judiciaire. En effet, en 2019 déjà, la même juridiction d’appel avait condamné le société Jeff Koons LLC pour contrefaçon d’un cliché du photographe Jean-François Bauret pour sa sculpture Naked.

Toutefois, l’affaire reste à suivre de prêt et ne s’arrêtera peut-être pas là, l’artiste a toujours la possibilité de faire appel de la décision …

 

Pierrine CERVI

Sources :

 

 

 

Le partenariat entre le gouvernement et Doctolib remis cause en raison de l’hébergement des données de santé par Amazon Web Services

 

Doctolib est une entreprise franco-allemande ayant mis en place en 2013 une plateforme d’e-santé très utilisée, notamment parce que celle-ci facilite la prise et la gestion de rendez-vous médicaux, et offre également la possibilité de faire des rendez-vous médicaux à distance. Or avec la crise sanitaire actuelle, le nombre d’utilisateur et également le nombre de médecins inscrit a considérablement augmenté. Doctolib annonçait en ainsi en avril 2020 que les téléconsultations se sont multipliées par 100, en passant de 1000 à 100 000 téléconsultations pas jours.

Mais cette affluence amplifie une problématique liée au traitement de données de santé en ligne. En effet les utilisateurs doivent renseigner de nombreuses données personnelles pour s’inscrire, et notamment des données de santé particulièrement précises telles que le « motif de la consultation » ou encore les « pathologies à haut risque » par exemple.

Pour rappel, et comme le précise aussi bien la Commission nationale de l’information et des libertés (CNIL) que le Règlement général sur la protection des données (RGPD), les données de santé font parties des données dites sensibles, et doivent donc être manipulé avec attention. Mais ces données personnelles traitées par Doctolib semblent être en danger.

Jeudi 25 février 2021, un collectif de professionnel de la santé a reproché à l’entreprise d’avoir confié l’hébergement des données des patients à Amazon Web Services. Or cette division du groupe américain Amazon, spécialisé dans le cloud computing est soumis au droit américain. Par conséquent, le contrôle de ces données sensibles se sera pas établie au regard du droit de l’union européenne, mais du droit américain, beaucoup moins protecteur. Ce lieu de stockage des données des patients n’est donc pas anodin, et fait réagir.

Mais Doctolib ne cesse de prendre de l’ampleur et un partenariat entre cette plateforme et le gouvernement français a même été passé le 12 janvier 2021, pour la prise de rendez-vous dans le cadre de la campagne de vaccination contre le Covid-19. Selon Mediapart, ce partenariat de grande ampleur a permis à 925 centres de vaccination, sur 1133 au total, de passer par Doctolib pour la prise de rendez-vous.

Ainsi, diverses unions, fédérations, associations et syndicats ont déposé le 25 février 2021 une requête devant le Conseil d’Etat, dans le but de faire annuler le partenariat passé entre le gouvernement et Doctolib, en raison du risque de mise en danger des données sensibles, non maitrisée selon des règles européennes et notamment le RGPD. Le droit américain fait l’objet de nombreuses controverses car il autorise des programmes de surveillances des autorités publiques, justifiés par l’objectif de sécurité nationale et notamment régis par le « Foreign Intelligence Surveillance Act » (Fisa) et l’« Executive Order (EO) 12333 », à accéder à ces types de données personnelles. Ces programmes, tels que Prism ou encore UpStream avaient déjà été sujet aux critiques, et notamment révélé par le lanceur d’alerte Edward Snowden.

Les autorités françaises semble consciente du danger pouvant être causé par l’hébergement de données de santé des Français à une entreprise américaine. C’est d’ailleurs ce que dénonçait la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) dans un communiqué du 22 février 2021 : « Les conditions juridiques nécessaires à la protection de ces données ne semblent pas réunies pour que l’ensemble de la base principale soit mise à disposition d’une entreprise non soumise exclusivement au droit européen ».

Ce n’est pourtant pas la première fois que des données sensibles sont confiées outre-Atlantique en raison des lourdes obligations pesant sur les entreprises de l’Union européenne, ainsi que les importantes sanctions possibles. La même problématique avait été soulevé par un collectif en octobre 2020, cette fois-ci au sujet de l’hébergement des données de santé des Français détenues par Health Data Hub, auprès d’Azure de Microsoft.

 

Mélinda GUREN

Sources :

 

 

Promotion 2020/2021

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