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Une cyberguerre mondiale déclarée ?
Cela n’a échappé à personne : le 24 février 2022, la Russie, sur ordre du Président Vladimir Poutine, a envahi l’Ukraine. Les réactions internationales ont été instantanées, une majorité a condamné cette guerre russo-ukrainienne. Mais, le risque d’un conflit physique mondial n’est pas la seule menace qui plane : le risque de cyberattaques est également élevé.
Plusieurs institutions ukrainiennes, telles que des banques, le ministère des Affaires étrangères, le Cabinet des ministres, ont été victimes de cyberattaques ce mercredi 23 février, quelques heures seulement avant l’assaut mené par la Russie. Et, même si aucun élément ne permettait de le confirmer, l’agence de sécurité informatique ukrainienne a accusé les Russes. Pour Philippe Gros, maître de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique, « il faut voir le cyber comme un moyen de frapper en profondeur, il s’agit d’une attaque sur un système d’objectifs stratégiques de l’adversaire ». Cela visait à une désorganisation de l’Ukraine, qui s’inscrit dans une stratégie plus large : celle d’une offensive militaire.
Dès le lendemain, les pays européens et les États-Unis sont venus renforcer leurs systèmes de protection afin de se préparer à de potentielles cyberattaques. Le ministère de l’Intérieur a notamment appelé les préfets français à rester présents dans leur département afin d’agir rapidement en cas de cyberattaques russes.
Mais les États ne sont pas les seuls à réagir. Le collectif de hackers Anonymous a montré son soutien au peuple ukrainien et a lui aussi déclaré, ce jeudi, entrer en cyberguerre contre le gouvernement russe.
Les actions du collectif ne se sont pas faites attendre : les hackers ont revendiqué, quelques heures après, la cyberattaque visant RT, une chaîne financée par l’État russe. D’autres cyberattaques ont suivi, les sites des agences de presse d’Etat TASS et RIA Novosti, du journal Kommersant, du quotidien pro-Kremlin Izvestia et du magazine Forbes Russia ont affiché pendant quelques minutes un message sommant de « mettre fin » à l’invasion de l’Ukraine par la Russie : « d’ici quelques années nous vivrons comme en Corée du Nord. Pourquoi avons-nous besoin de cela ? Pour que Poutine finisse dans les livres d’Histoire ? Ce n’est pas notre guerre, arrêtons-la ! ».
Le groupe Anonymous a même frappé plus fort, en rendant inaccessible samedi après-midi le site officiel du Kremlin. Il a déclaré : « des opérations sont en cours pour maintenir les sites gouvernementaux russes hors ligne et pour diffuser des informations au peuple russe sans qu’elles ne soient soumises à la machine de censure de l’État Poutine ».
La Russie n’est cependant pas démunie face à ces menaces. Il semblerait que le pays avait préparé cette cyberguerre bien en avance. Des chercheurs en cybersécurité de Symantec et d’ESET ont en effet signalé l’utilisation par les russes d’un tout nouveau malware de type « wiper » dont le but n’est ni l’interruption temporaire de certains services, ni la désinformation, mais bien la destruction de données. L’objectif de ce malware est donc d’effacer le contenu d’un disque dur et ainsi endommager le système d’exploitation. Le wiper cible les institutions financières mais également les entreprises au service du gouvernement. L’Ukraine n’a pas été le seul pays touché, des organisations en Lettonie et Lituanie ont également été victimes de ces attaques.
Les autorités ukrainiennes encouragent cette guerre informatique. Samedi, le vice-Premier ministre ukrainien et ministre du Numérique Mykhaïlo Fedorov a déclaré sur Twitter : « nous sommes en train de créer une armée informatique ». Il appelle également « les talents digitaux » à rejoindre ses rangs virtuels. Il souhaite en effet créer une IT Army afin de pirater les 31 entités russes.
L’agence chargée de la sécurité informatique française, l’Anssi, surveille la situation de près. Elle a déclaré qu’actuellement « aucune cybermenace visant les organisations françaises en lien avec les récents événements n’a pour l’instant été détectée ».
Clément Domingo, chercheur en cybersécurité français, connu sous le pseudonyme Saxx et cofondateur de l’association Hackers sans frontière, alerte cependant sur la situation. Interviewé par l’AFP, il a prévenu : « la Russie est en train pour l’instant d’observer d’où viennent les attaques, et la riposte pourrait arriver ensuite ». « Quand la Russie va attaquer, ça risque de piquer » conclut-il.
Loriane LAVILLE
Sources :
https://www.it-connect.fr/lukraine-veut-constituer-son-it-army-pour-pirater-31-entites-russes/
https://www.presse-citron.net/ukraine-les-anonymous-declarent-la-guerre-a-la-russie/ (image)
Guerre en Ukraine : les géants de la technologie prennent part au conflit
(Source : pixabay)
Alors que les réactions internationales se multiplient, que même le collectif Anonymous a déclaré la cyberguerre à la Russie, les géants de la technologies sont également en phase de prendre part au conflit opposant la Russie et l’Ukraine.
Depuis le début de la guerre, l’Ukraine n’a de cesse de demander à Facebook, Google, Apple, Twitter ou encore Netflix de se joindre au combat. Les menaces russes étant de plus en plus fortes, l’Occident demande une réaction de la part des géants de la technologie et du numérique.
Derrière ces prises de positions des géants de la technologie, la dissuasion de la Russie est énorme puisque ces boycotts constituent de lourdes sanctions économiques et technologiques. Un accès complet à Facebook, Twitter et YouTube notamment, maintiendrait en effet l’économie russe. Les États-Unis, très actifs dans le conflit, bloquent les banques russes de SWIFT et imposent aux géants de la technologie américains de limiter l’accès de la Russie.
Ces prises de position des géants de la technologies sont également souhaitables et nécessaires au regard des enjeux liés à la lutte contre la désinformation.
Comme à l’ère de la propagande des médias mais dans une toute autre dimension aujourd’hui, il est difficile de distinguer les fausses informations et les informations exactes. Dans le doute, les Etats-Unis ont contraint les entreprises technologiques américaines à réagir en bloquant, limitant l’accès à la Russie.
Ainsi, Meta bloque les informations provenant des médias proches du Gouvernement russe : les chaînes publiques russes comme RT et Sputnik ne peuvent plus opérer sur Facebook dans l’Union européenne. Twitter à son tour rend les informations provenant de ces médias russes moins visibles et chaque tweet contenant un lien vers un média proche du pouvoir russe se verra ajouter la mention « ce tweet renvoie vers le site d’un média affilié au gouvernement russe ».
Enfin, Microsoft se montre radical en supprimant les médias affiliés au gouvernement russe de sa boutique d’application.
Ainsi, dans une perspective de sanction économique et technologique mais également dans une perspective de lutte contre la désinformation, nombreuses sont les entreprises prenant part au conflit.
Très récemment, et après un silence inquiétant, Apple s’est également joint au conflit. Alors que Tim Cook s’était dit « profondément préoccupé par la situation en Ukraine », Apple s’est en effet enfin décidé, le 2 mars dernier, à s’engager dans le conflit opposant la Russie à l’Ukraine.
Apple a en effet annoncé arrêter toutes les exportations de produits vers la Russie et a déclaré que toutes les ventes de ses produits étaient stoppées sur le territoire russe. Aussi, Russia Today (RT) et Sputnik News ont été retirés de l’App Store.
Certains observateurs estiment toutefois que ces actions et prises de position ne sont pas suffisantes, que les géants s’engagent trop timidement par rapport à la gravité des événements. L’attachement des certains géants à leurs intérêts économiques est en effet dénoncé : en limitant seulement l’accès au service, en s’attaquant aux publicités sans couper tout accès à leurs plateformes, les entreprises prennent des mesures bien trop timides dans le but de préserver leurs intérêts économiques.
Louise HECKEL
Sources :
https://www.presse-citron.net/🇺🇦-guerre-en-ukraine-apple-sengage-enfin/
https://www.presse-citron.net/🇺🇦-guerre-ukraine-quand-les-geants-de-la-tech-semmelent/
L’avenir du jeu vidéo est tout tracé : un nouveau brevet déposé par le distributeur de GTA !
(Source : pixabay)
Le 24 février 2022, la société de distribution de jeux vidéo Take-Two Interactive a déposé un nouveau brevet devant l’Office des brevets et des marques des États-Unis (USPTO). La description du produit énonce que « le système divulgué permet la fusion et la division transparente des sessions de réseau dans un environnement de jeu en réseau multi-joueurs. La gestion transparente des sessions permet le déplacement dynamique des joueurs dans un monde virtuel pendant le jeu sans chargement et/ou blocage inutile. Comme les joueurs dans le monde virtuel se déplacent, la gestion des sessions de jeu actives peut être améliorée pour obtenir une population perçue plus réaliste. » Cela signifie une amélioration optimale du jeu pour le joueur, qui n’aurait plus à patienter devant son écran de chargement à chaque fois qu’il change de session. Cette notion de session peut être assimilée à une partie d’une carte interactive, comme on en trouve dans les « mondes ouverts », qui ont pour intérêt de laisser le joueur explorer et se promener librement sur une vaste carte.
A cet égard, notons que le célèbre jeu GTA (Grand Threft Auto) est un exemple notoire de jeu utilisant ce système de monde ouvert. Le dépôt de ce brevet est d’autant plus marquant que Take-Two Interactive est le détenteur de Rockstar Games, développeur du fameux jeu GTA. Rockstar Games avait en effet annoncé récemment le retour du jeu dans un nouvel opus. L’essor technologique contribue nécessairement au développement des jeux vidéo, dont le bénéfice représente plus de 300 milliards de dollars en 2021. La détention d’actifs immatériels tel qu’un brevet suscite également une course à l’innovation pour les sociétés de distribution : Take-Two Interactive détient une quarantaine de brevets actifs. L’amélioration de l’expérience de jeu est un immense enjeu pour une industrie qui compte près de 3,2 milliards de joueurs.
Le jeu vidéo suscite parfois une certaine méfiance, un univers réservé à une certaine partie de la population. Netflix a fait le pari de faire le lien entre le monde du jeu vidéo et celui de l’audiovisuel en adaptant la série « Arcane », inspirée de l’univers du jeu League of Legends. Pari réussi car la série a cumulé plus de 120 millions d’heures de visionnage en à peine un mois.
En France, le Syndicat national du jeu vidéo français plaide pour un plan de relance du milieu, avec notamment la création d’un Ministère du Numérique et pas moins de 30 milliards d’euros, pour remettre la France dans la course et notamment devenir leader de la création de jeux vidéo en Europe.
Aussi, le marché semble être à un tournant décisif en matière d’innovation, notamment en ce qui concerne l’Intelligence Artificielle (IA). Take-Two Interactive avait déjà déposé un brevet sur l’IA des PNJ (personnages non-joueurs) du jeu GTA en octobre 2020 : le développement des jeux vidéo semble tendre à un environnement de plus en plus réaliste, complet et permet aujourd’hui d’offrir aux joueurs une expérience toujours plus unique.
Héloïse JAN
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Monde_ouvert
https://www.presse-citron.net/rockstar-games-prepare-bien-un-gta-6-cest-officiel/
Cession par la ville de Vendôme, de sa marque éponyme à LVMH : une cession dénoncée
(Source : pixabay)
Le 22 février 2022, Bernard Arnault, PDG de LVMH a inauguré deux nouvelles maroquineries de la marque Louis Vuitton à Vendôme dans le Loir-et-Cher.
Une des deux maroquineries occupe un bâtiment du XVIIIe siècle appelé le Régence, racheté à la ville et rénové par le Groupe LVMH. Cette vente a été complétée par la cession du droit d’utiliser la marque Vendôme pour tout produit de maroquinerie ou bijouterie, au Groupe LVMH.
Ainsi, en 2018 la marque avait fait l’objet d’une cession pour 10 000 € à LVMH pour ses articles de maroquinerie. Et dorénavant, LVMH peut utiliser cette marque sur ses articles de joaillerie, bijouterie et horlogerie. Cette cession permet à LVMH d’utiliser le nom Vendôme, pour toute création de produits de joaillerie et maroquinerie de luxe.
Il est important de rappeler que la ville de Vendôme possédait cette marque depuis dix ans, cependant malgré le dépôt de marques portant ce nom, aucunes actions n’avaient été engagées par la ville. Au contraire, d’autres villes n’hésitent pas à engager des actions lorsque des tiers déposent sans autorisation leur nom, en vertu du droit des collectivités territoriales sur leur nom ou leur image, ou renommée. Par exemple, le Tribunal de grande instance de Paris le 6 juillet 2007 avait annulé la marque « Paris sans fil », car elle portait atteinte à la renommée de Paris.
Néanmoins, cette cession a fait beaucoup parler d’elle dans la commune, surtout en ce qui concerne la somme versée pour celle-ci. En effet le montant était de 10 000 euros, ce qui est peu pour certain et a été vu comme un vil prix aux vues du chiffre d’affaires réalisé par LVMH (64 milliards d’euros en 2021).
Fleur Jourdan, une avocate en droit public a pu soutenir à ce sujet, qu’il existait « un principe en droit public selon lequel une municipalité ne peut pas consentir une libéralité », par conséquent « la vente du nom à vil prix pourrait être considérée comme telle » et « un recours en annulation de la délibération pourrait être mené devant le tribunal administratif ».
L’association Vendôme notre patrimoine a, à cet effet déposé un recours gracieux devant le Tribunal administratif d’Orléans le 21/07/2021, pour demander l’annulation de cette délibération pour excès de pouvoir, car selon eux « le nom d’une ville est un patrimoine commun aux citoyens qui n’appartient pas à une ville ».
Florence Grospart, une élue de l’opposition soutient que la ville a « bradé le nom de Vendôme ». Elle explique qu’une licence aurait été plus adéquate car à cause de cette cession, les artisans de la commune ne peuvent plus utiliser le nom de leur commune, sans demander une autorisation à LVMH.
Rappelons la différence entre une licence et une cession. Une cession entraîne un transfert de propriété de la marque en l’échange d’une contrepartie financière et seul l’acquéreur pourra utiliser la marque (comme une vente). Alors qu’une licence est un contrat de louage, par lequel le titulaire d’une marque concède à un tiers un droit de jouissance sur la marque moyennant une contrepartie pécuniaire.
Il est vrai que concéder une licence est plus avantageux pour une collectivité, car cela lui permet d’éviter de perdre son droit de propriété sur la marque.
Toutefois, le maire soutient qu’il s’agit « d’un partenariat gagnant » et que l’avantage serait la création d’emplois pour les habitants de la commune, soit environ 500 emplois.
Margaux BELLAICHE
Sources :
https://fr.fashionnetwork.com/news/Louis-vuitton-s-empare-du-droit-de-marque-vendome-,1278390.html
https://actu.fr/centre-val-de-loire/vendome_41269/loir-et-cher-la-ville-de-vendome-cede-son-nom-pour-10-000-euros-a-louis-vuitton_39537834.html
https://www.lepoint.fr/editos-du-point/laurence-neuer/vendome-cedee-a-vuitton-comment-les-villes-protegent-leurs-marques-19-02-2021-2414674_56.php
Garnier, Juliette, « Vendôme, un nouveau fief pour Louis Vuitton », in Le Monde, 24 février 2022, p.17.