BRÈVES DU 7 AU 14 JANVIER 2024

Bonsoir à tous,

Les brèves du 07 au 14 janvier sont disponibles sur notre blog.

Cette semaine :

👾 Renseignez vous sur la cyberattaque de masse subie dans la région de Fouesnant

🥑 Informez vous sur l’application qui fait débat en ce moment : une IA qui pourrait remplacer un avocat?

📱Intéressez-vous au 21 nouveaux satellites mis en orbite par SpaceX pour créer un réseau de connexions entre smartphones

⚖ Renseignez vous sur la nouvelle action en justice dirigée contre Microsoft et Open AI pour violation de droits d’auteur

🍷 Découvrez un nouveau processus utilisant l’intelligence artificielle pour établir l’empreinte chimique des vins bordelais

En vous souhaitant une bonne lecture et nos meilleurs vœux pour 2024,

Le Collectif 🔆

#IPIT #IP #IT #M1PIDN #CollectifIPIT #2024

 

 

 

Le bilan de la cyberattaque de Fouesnant 

 

Le soir du 29 décembre 2023, la ville de Fouesnant et la Communauté de communes du pays fouesnantais ont été visées par une cyberattaque d’une grande ampleur. Les données de dix communes et de 37 000 habitants ont été menacées de publication. Cette cyberattaque a été effectuée via un rançongiciel ou ransomware en anglais. Selon cybermalveillance.gouv.fr c’est « un logiciel malveillant ou virus qui bloque l’accès à l’ordinateur ou à ses fichiers et qui réclame à la victime le paiement d’une rançon pour en obtenir de nouveau l’accès ». 

D’après une synthèse de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) d’octobre 2023, les attaques contre les collectivités territoriales par rançongiciel constituent 22% des incidents entre 2022 et 2023. Elles arrivent donc juste après les compromissions de comptes de messagerie (28%) et les intrusions sur le système d’information (23%). Les collectivités territoriales sont particulièrement visées par les cyberattaques selon l’ANSSI. Les cybercriminels préfèrent s’attaquer à ces dernières étant donné qu’elles disposent de nombreuses données et que leurs systèmes de sécurité informatique ne sont souvent pas assez fiables. En effet, elles ne disposent pas des moyens nécessaires pour assurer la sécurité de leurs services informatiques. 75% des élus et agents dépensent moins de 2000 euros pour la cybersécurité alors qu’une collectivité sur dix a déjà été victime d’au moins une attaque au cours de l’année passée d’après cybermalveillance.gouv.fr. Ces attaques touchent aussi bien les services publics que les citoyens. Les conséquences sont importantes : interruption des activités et des services, destruction de données ou encore perte financière. Bien que les collectivités aient conscience de l’importance actuelle de la sécurité des systèmes, elles estiment que le manque de connaissances en cyber, l’absence de ressources dédiées, de temps et de budget les empêchent d’atteindre un niveau souhaitable en matière de cybersécurité.

Après expertise, le maire de Fouesnant a fait savoir que « la ville n’était pas spécifiquement visée » et que le groupe de pirates qui a réalisé cette attaque « est connu des services spécialisés dans la cyber criminalité ». Il a également précisé que tous les services de la collectivité étaient touchés et rendus inopérants, mis à part le service passeports et cartes nationales d’identité qui est administré sur une ligne sécurisée par l’Etat. Ainsi, la qualité des services risque d’être fortement réduite et le retour à la normale pourrait prendre du temps. Cette attaque témoigne de l’enjeu important que représente la sensibilisation des collectivités territoriales à la cybersécurité. D’après vie publique, « seules 14% de ces dernières se disent préparées en cas d’attaque et 19% disposent d’une procédure de réaction ».

Les cyberattaques ne cessent de se multiplier à l’approche des Jeux Olympiques 2024 et la France pourrait ainsi devenir le deuxième pays le plus attaqué du monde. En effet, selon le bilan réalisé par le parquet de Paris en 2022, 600 enquêtes ont été ouvertes au cours de cette année contre 65 en 2019. Aujourd’hui, les attaques par rançongiciel sont les plus courantes, leur nombre s’élève à 397 en 2022. Le chiffre de ces attaques a explosé en seulement trois ans puisqu’en 2019 , il n’était que de 19. 

 

Jeanne BUCLEZ

Sources : 

https://www.dpo-partage.fr/cyberattaque-fouesnant/

https://www.zdnet.fr/actualites/la-ville-de-fouesnant-cloture-tristement-la-trop-longue-serie-d-attaques-par-rancongiciel-enregistree-en-2023-39963360.htm 

https://www.ouest-france.fr/societe/cyberattaque/cyberattaque-la-ville-de-fouesnant-netait-pas-specifiquement-visee-d9b824ce-abe8-11ee-aeab-9ccdc43864cb 

https://www.vie-publique.fr/en-bref/291598-cyberattaques-de-fortes-menaces-sur-les-collectivites-territoriales

https://www.cert.ssi.gouv.fr/uploads/CERTFR-2023-CTI-008.pdf 

https://www.cybermalveillance.gouv.fr/tous-nos-contenus/actualités/cp-étude-cybersecurite-collectivites-moins-de-25000-habitants 

 

 

 

I.Avocat : la nouvelle application juridique qui fait polémique

 

La nouvelle application I.Avocat se présente comme « votre avocat virtuel personnel, prêt à répondre à toutes vos questions juridiques avec précision et fiabilité ». I.Avocat a été créée par un entrepreneur lyonnais, et elle est depuis ce 1er janvier disponible au téléchargement gratuitement. Cependant son utilisation nécessite un abonnement de 69 euros à l’année, ou 9 euros par mois.

Le principe de cette application est de fournir des conseils juridiques aux utilisateurs en se comportant comme un avocat le ferait par sa mission de conseil. Et comme le nom l’indique, l’application utilise l’intelligence artificielle pour répondre aux questions des utilisateurs. L’IA utilise près de 50 années de décisions judiciaires, de programmes de l’école du barreau et de la magistrature pour donner des réponses précises, rapporte le média Le Progrès. Cela représente près de 11 millions de données.

L’application vise à remplacer les conseils d’un véritable professionnel du droit étant disponible 24/24h et 7/7j, à moindre coût. C’est d’ailleurs ce que démontre la communication agressive, et plutôt bancale autour de l’application. Dans une vidéo promotionnelle, l’avocat virtuel explique : « là où un avocat mettrait un an, je mets une minute, là où un avocat t’aurait coûté 1.000 euros, je ne coûte que 69 euros », et se décrit comme étant « le cauchemar des avocats ».

Malgré cette volonté de remplacement des professionnels, la publicité explique que l’utilisateur peut obtenir des réponses à des questions de procédure « au lieu de passer un temps fou à les chercher », particulièrement dans des matières dans lesquelles la profession n’est « pas spécialiste ». Un avocat pourrait donc l’utiliser pour compléter son savoir, alors pourquoi se décrire comme « le cauchemar des avocats » ?

Une avocate anonyme spécialisée selon ses dires en matière pénale, dans une vidéo postée sur X (lien dans les sources), fait la promotion de l’application à l’utilisation pour les professionnels du droit. Elle dit ne pas s’y connaître en matière civile (étant une professionnelle du droit pénal), et demande donc à l’application dans le cadre d’un divorce la procédure qu’elle devrait suivre. Selon elle, cette application peut être une bonne alternative à des recherches internet ou documentaires qui prendraient « un temps fou », pour des matières où le professionnel ne serait pas qualifié.

Mais la controverse est bien plus profonde que la simple communication autours de I.Avocat. En effet, seulement quelques jours après sa publication, le barreau de Paris vient déjà de mettre en demeure l’application pour la retirer des plateformes de téléchargement.

I.Avocat fait également polémique au vu des risques que présente ce système d’IA. L’application sera potentiellement utilisée par des personnes qui n’ont pas les moyens de s’offrir les services d’un avocat, et qui risquent d’être induites en erreur, appliquant les conseils de l’assistant virtuel sans aucune vérification.

L’application pose aussi un problème de confidentialité, car l’utilisateur a la possibilité de faire analyser par l’IA des documents ou dossiers PDF, qui sont donc des documents personnels liés à des affaires concrètes. Mais rien dans les conditions d’utilisation n’assure que ces documents ne peuvent pas être utilisés à d’autres fins.

En supplément, le siège de cette start-up est situé à Dubaï ce qui signifie que les éventuels litiges d’utilisateurs à l’application seront soumis à cette législation étrangère. Les internautes s’indignent de l’amateurisme de ce logiciel sur les réseaux sociaux : « les termes légaux sont de bêtes copiés-collés, il manque des obligations légales… » affirme notamment un développeur web sur X.

Ce logiciel n’est pas vu d’un bon œil par tous les professionnels du droit. Maître Hubert Mortemard de Boisse qualifie cet outil « d’impressionnant », mais qu’il ne peut égaler le raisonnement d’un être humain. Le but de cette application n’est pas de plaider, mais bien d’apporter des conseils. Ce peut être une aide à la rédaction, mais elle ne remplacera jamais l’humain.

Le fondateur lyonnais a déjà annoncé le lancement d’une plateforme de mise en relation pour rediriger les utilisateurs vers des avocats compétents, pour apaiser les tensions autour de sa création.

 

Lucas SANFILIPPO

Sources : 

Lien de la vidéo de l’avocate anonyme sur X : 

https://x.com/i_avenir/status/1743555106874740985?s=46&t=bnDsuMl-8L4vRzay44IHwg

Lien du spot publicitaire de l’application :

https://x.com/medaveprod/status/1740764549643428150?s=46&t=bnDsuMl-8L4vRzay44IHwg

https://www.leprogres.fr/societe/2024/01/03/une-intelligence-artificielle-pour-remplacer-les-avocats-cette-appli-lyonnaise-fait-reagir

https://www.clubic.com/actualite-514294-une-application-capable-de-jouer-aux-avocats-grace-a-l-intelligence-artificielle-s-attire-les-foudres-des-professionnels-du-droit.html

https://www.ouest-france.fr/societe/justice/cette-appli-serait-capable-de-vous-defendre-comme-un-vrai-avocat-grace-a-lintelligence-artificielle-746c0fd0-ab03-11ee-b457-f3f156e55e26

https://www.jss.fr/I.Avocat_une_nouvelle_application_«_revolutionnaire_»_dans_le_viseur_de_la_profession_-4112.awp

https://geeko.lesoir.be/2024/01/06/i-avocat-cest-quoi-cette-nouvelle-app-qui-fait-polemique/

 

 

 

SpaceX met en orbite 21 nouveaux satellites pour créer un réseau de connexions entre smartphones

 

Ce mardi 2 janvier 2024, SpaceX a mis en orbite 21 satellites Starlink de nouvelle génération grâce à sa fusée Falcon9. Six de ces satellites sont équipés du Direct to Cell, une technologie permettant d’avoir des conversations par téléphone avec n’importe qui et ce, partout dans le monde.

L’objectif de SpaceX est clair : établir une connexion entre les smartphones et ses satellites afin de fournir des services de téléphonie mobile accessibles partout sur la planète. Grâce au service Direct to Call, d’ici la fin de l’année, il sera possible pour les abonnés d’un opérateur utilisant ces infrastructures d’envoyer et de recevoir des SMS via son smartphone connecté à la 4G ou à la 5G grâce à ces satellites.

Le mois dernier, des régulateurs américains ont autorisé SpaceX à tester ses satellites avec l’opérateur américain T-Mobile pour une période de 180 jours. Cette expérimentation impliquera à terme l’envoi d’environ 840 satellites qui permettront de connecter 2 000 smartphones à la 4G. 

En plus de T-Mobile, d’autres opérateurs dans le monde collaboreront avec SpaceX, notamment le canadien Rogers, l’australien Optus, le japonais KDDI ou encore le néo-zélandais One NZ. A ce jour, aucun opérateur français ne s’est rapproché de l’entreprise américaine pour collaborer. 

Quand bien même ces satellites dotés du Direct to Call pourraient s’apparenter aux tours de téléphonies présentes sur terre, Elon Musk, le PDG de SpaceX, a précisé sur X que pour le moment ses satellites ne rivaliseront pas avec les infrastructures terrestres car elles seraient nettement plus performantes. Cependant, il a ajouté que cette constellation de satellites constituait « une excellente solution pour pallier au manque de connectivité dans les zones blanches », c’est-à-dire les zones des territoires qui ne sont pas correctement desservies par un réseau donné.

Ainsi, ce service Direct to Call constitue un prolongement de l’offre d’internet par satellite que l’entreprise avait lancé en 2018 permettant à quiconque d’avoir accès à internet, et ce même dans les zones les plus reculées.

 

Idil SENOL

 Sources : 

https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/smartphone-spacex-lance-nouveaux-satellites-creer-reseau-connexions-smartphones-110546/

https://siecledigital.fr/2024/01/04/starlink-met-en-orbite-de-nouveaux-satellites-destine-aux-mobiles/

https://www.lodj.ma/Starlink-met-en-orbite-21-nouveaux-satellites-destines-au-mobile_a87701.html

 

 

 

Microsoft et Open AI de nouveau visés par un litige en droit d’auteur

 

Cette semaine, deux auteurs d’ouvrages de non-fiction, Nicholas A. Basbanes et Nicholas Ngagoyeanes, ont formé une action collective contre Microsoft et OpenAI  pour vol de leur propriété intellectuelle. Ceci intervient peu de temps après une action similaire formée par le New York Times à l’encontre des mêmes défendeurs.

L’action en justice porte de nouveau sur les questions découlant du concept du « fair use » américain au regard des œuvres réalisées par le biais des intelligences artificielles. Débat dans lequel des acteurs comme Microsoft considèrent qu’en matière de violation de droits d’auteur, le responsable doit être l’utilisateur et non pas l’entreprise qui lui fournit l’instrument.

Les auteurs allèguent dans leur plainte que Microsoft a tout « simplement volé » leurs œuvres protégées afin de créer leur intelligence artificielle. Ils expliquent en effet que leur action collective a pour but de protéger les écrivains dont le travail a été pillé par Microsoft et OpenAI.

L’action collective comprend ainsi un nombre important de demandeurs en ce qu’elle prétend regrouper « tout auteur ou bénéficiaire légal » d’œuvres protégées qui auraient fait l’objet d’utilisation par les défendeurs aux fins d’entraîner leur intelligence artificielle. Le nombre de concernés est estimé à plusieurs dizaines de milliers, pour lesquels, l’action collective prétend 150 000 dollars de compensation pour chacun.

Cette action collective n’est pas sans précédent, en effet, une action collective similaire avait été orchestrée en septembre dernier mais elle ne concernait alors que les auteurs de fiction. Pour cette raison, celle menée par les auteurs d’ouvrage de non-fiction se veut plus globale et généralisée afin de permettre une protection plus large des écrivains.

La solution de cette affaire, et ainsi, de la question du fair use en matière d’IA  sera sans doute résolue indirectement par la jurisprudence future de l’affaire portée par le New York Times devant la justice américaine.

 

Ken SERAIN-YAMASAKI

Sources :

https://www.windowscentral.com/microsoft/intellectual-property-theft-non-fiction-authors-sue-microsoft-and-openai-in-class-action-lawsuit-mirroring-new-york-times-case

https://www.cnbc.com/2024/01/05/microsoft-openai-sued-over-copyright-infringement-by-authors.html

 

 

 Une IA pour déterminer la signature chimique des grands crus bordelais

 

Par un article scientifique émis le 5 décembre, dans la revue Communications Chemistry, des chercheurs ont annoncé pouvoir déterminer la signature chimique de vins rouge, permettant de déterminer leur provenance et leur millésime grâce à une analyse par intelligence artificielle.

Dans le cadre d’une étude menée en partenariat entre l’université de Genève et celle de Bordeaux, et notamment de l’ISVV (Institut des sciences de la vigne et du vin), cette technologie va pouvoir permettre de lutter face à la contrefaçon des vins bordelais, en déterminant la signature chimique des différents vins.

Ce groupe de scientifiques a collaboré avec 7 domaines du Bordelais pour analyser 80 vins rouges concoctés entre 1990 et 2012. Le processus revient à utiliser la chromatographie pour séparer les différentes molécules du vin, et ainsi déterminer la densité de chacune de ces composantes. Ensuite, un spectromètre retranscrit sur un graphique cette séparation chimique avec une multitude de points pour retracer « l’empreinte chimique » du vin. Même si ces procédés n’ont rien de nouveau, c’est l’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’analyse de ces graphiques qui innove. En effet, ces graphiques sont bien trop détaillés et fastidieux pour être étudiés et comparés par un être humain, mais l’utilisation de l’IA permet un traitement efficace de ces données, ce qui a permis de déterminer avec exactitude les différents domaines, mais uniquement avec une fiabilité de 50% pour ce qui est de la détermination des millésimes.

Ces analyses vont permettre de déterminer si certains vins sont contrefaisants de vins bordelais protégés, permettant une meilleure protection des viticulteurs face à la concurrence déloyale, à une époque où leurs exploitations sont drastiquement touchées par le dérèglement climatique.

Dans l’affaire LEVOLA présentée de 2018, les juges ont pu déterminer « qu’en l’état actuel du développement scientifique » il n’était pas possible de protéger la saveur d’un produit alimentaire par des droits d’auteur, qui ne saurait être qualifié d’œuvre de l’esprit. On peut donc se demander si le développement de ce genre de procédés permettant de déterminer avec précision l’empreinte d’un vin particulier, pourrait permettre de remplir les conditions de cette exception laissée dans cet arrêt et obtenir une protection supplémentaire pour ces vins, autre que le droit des marques et des protections liées aux indications géographiques d’origine.

 

Paul LECOMPTE

Sources :

https://www.nature.com/articles/s42004-023-01051-9#Abs1

https://www.leparisien.fr/gironde-33/quand-lintelligence-artificielle-protege-les-grands-crus-bordelais-de-la-contrefacon-06-01-2024-7TERMIQL4FHFDPCAHVK4T4PJVE.php

https://avis-vin.lefigaro.fr/economie-du-vin/o157043-la-signature-chimique-des-grands-crus-identifiee-grace-a-l-intelligence-artificielle

https://www.terredevins.com/actualites/la-signature-chimique-des-grands-crus-identifiee-grace-a-lintelligence-artificielle

 

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