Interview de Richard Combes – Conseil en propriété industrielle

Bonjour Richard Combes et merci de prendre le temps de répondre à nos questions. A titre introductif, serait-il possible de vous présenter brièvement ?

Bonjour, bien sûr !

Je suis juriste spécialisé en Propriété intellectuelle (le titre « Conseil en Propriété industrielle » va peut-être changer en « Conseil en Propriété intellectuelle » d’ici peu), collaborateur depuis 29 ans (et donc plus tout jeune) au sein d’un des plus importants cabinets opérant dans ce domaine, ainsi qu’un « cartésien désabusé ».      


Quel parcours scolaire et professionnel avez-vous suivi pour parvenir à votre poste actuel ?

Après des études à la faculté Jean Monnet, moi aussi, j’ai effectué un DESS(Diplôme d’études supérieures spécialisées Propriété Industrielle) à Assas, en 1986 puis, j’ai étudié au CEIPI (Centre d’études internationales de la propriété intellectuelle) Marques & Modèles à Strasbourg en 1988.

Par la suite, j’ai conclu un contrat à durée déterminée de 5 mois au Service juridique de l’INRA puis j’ai été embauché par le Cabinet Bonnet Thirion qui a par la suite fusionné avec le cabinet Rinuy Santarelli, aujourd’hui dénommé Santarelli.

Malheureusement, je n’avais aucun diplôme linguistique, ce qui a été un lourd handicap pour moi à l’oral, à tout le moins dans les premières années. Tout cela pour vous dire dès maintenant que l’anglais écrit et parlé est« archi obligatoire ».       


En dehors de votre métier faites-vous des choses en lien plus ou moins direct avec la propriété industrielle ou préférez-vous, au contraire, totalement dissocier votre vie personnelle et professionnelle, y compris sur le plan des activités ?

Il m’est arrivé d’écrire des articles sur la propriété industrielle ou sur le droit d’auteur qui ont été publiés, notamment dans ma revue fétiche : Papier Nickelés, mais également dans des revues IP, comme Prodimarques.

Étant multi-collectionneur (BD, disques, livres rares, …) je collectionne aussi quelques documents et /ou objets se rapportant à mes principaux clients en guise de souvenirs.   

 

Quels sont les plus grandes qualités pour être Conseil en propriété industrielle ?

Je dirais que le plus important est d’être à l’écoute des clients et de privilégier le pragmatisme à la théorie.

Une autre qualité essentielle est le sens de l’anticipation. Il faut être en mesure de garder son sang-froid quoi qu’il arrive pour trouver la parade en cas de dossiers sinistrés.

 

Y-a-t-il de nombreux débouchés en Conseil spécialisé dans la propriété industrielle. Les nouveaux arrivant sur le marché du travail ont-ils des facilités d’insertion dans le domaine?

Je pense qu’il y a peut-être un peu plus de débouchés en IT qu’en IP mais pour être sincère, chez nous, on arrive à saturation, sauf à créer son propre Cabinet et sa propre clientèle ou bien d’être avocat spécialisé en IP. Pour ces derniers, l’IP/IT reste encore une niche.

 

Y-a-t-il des choses qui vous ont particulièrement étonnées en exerçant ce métier ?

Étant de nature joviale et axée vers la plaisanterie, j’ai eu quelques difficultés avec l’absence totale d’humour chez certains individus.

Je reste très surpris et satisfait de la féminisation croissante de la profession.

 

Quels sont les problèmes les plus compliqués auxquels vous avez été confronté ?

Le plus compliqué, ce sont les dossiers où l’on se plante dès le début. En effet, après cela s’enchaine et provoque un effet boule de neige. C’est à ce titre que j’évoquais plus tôt la nécessité de savoir rebondir très vite et d’avoir le sens de l’anticipation. 

 

Si vous deviez nous donner les points positifs et négatifs de votreprofession, quels seraient-ils ?

Du côté des points positifs, je dirais qu’on retrouve la diversité des problématiques juridiques ainsi que des interlocuteurs (avocats, correspondants IP dans chaque pays du monde ou presque, clients, instances professionnelles (INPI EUIPO, OMPI…)).

Je citerais aussi l’autonomie décisionnelle dont on dispose une fois venue l’expérience, autonomie que l’on n’a pas dans l’industrie, où la prise de décision est beaucoup plus verticale.

Le négatif tient au fait que les Conseils en IP/IT ne soient pas aussi avocats. Ils dépendent donc des avocats spécialisés et ne sont pas concurrentiels (en France mais aussi à l’étranger). Si vous avez la possibilité de le faire, même pour être Conseil, passer le concours d’avocat peut être intéressant.

De même, l’informatique et le virtuel ont envahi la profession (dématérialisation des procédures). Je crains que cela puisse dénaturer le métier et que les Conseils perdent en pragmatisme pour devenir des « techniciens du droit ».          


En tant qu’ancien étudiant, savez-vous quel rayonnement les étudiants sortant d’un master d’IP/IT à Jean-Monnet ont dans la sphère professionnelle ?

La faculté Jean Monnet, dont je suis sorti en 1985, a bonne réputation. C’est notamment le cas dans la filière IP. Tous ceux de ma génération ont fait plus ou moins leurs trous, y compris dans d’autres domaines. Je ne doute pas que vous y parviendrez aussi.

 

Pour finir, quelques conseils de la part d’un ancien étudiant de la faculté Jean Monnet pour les étudiants actuels souhaitant effectuer ce métier, mais aussi pour les autres ?

Je vais profiter de cette question pour être un peu moins formel et un peu plus à votre contact mais honnêtement, amusez-vous et enterrez votre vie d’étudiant dans « un immense délire ».

Après la vie estudiantine, il y a deux camps :

  • Les passionnés de l’IP/IT et ambitieux :ils seront motivés et travailleurs mais de ce fait, ce travail leur prendra beaucoup de temps, au risque de ressentir un sentiment d’aliénation.
  • Les autres, ayant choisi ce domaine au hasard et un peu « besogneux » : Moins intéressés, ils risquent de s’ennuyer assez vite, d’où la nécessité dans ce cas d’avoir des hobbies plutôt que des « paradis artificiels ».

 

Merci à vous, Richard Combes, pour le temps accordé et la sincérité de vos réponses.

Honnêtement, ce n’était pas grand-chose et je souhaite à tous nos étudiants de Jean Monnet de réussir à l’avenir !       


Vous trouverez ci-après, à titre complémentaire le lien du site internet menant vers le cabinet où travaille notre intervenant et sa fiche technique :

http://santarelli.com/
http://santarelli.com/equipe/richard-combes/       

 

 

Jérôme AMORY

MasterIPIT